Avec ce troisième volume de pièces courtes, Daniel Keene nous invite à pousser la porte de son cabinet de curiosités. Il nous livre de monstrueux spécimens façonnés par une société cruelle, où la misère côtoie le sublime.
L’urgence est avant tout de (se) raconter : à travers les monologues, les dialogues ou les récits, se devine la profonde solitude de femmes et d’hommes en marge. Peu de place ici pour la sensiblerie : la parole se gagne et se perd, les échanges se font à couteaux tirés. L’auteur fait éclater, sous le vernis social des apparences, les bas instincts et la violence animale de personnages tourmentés. Au cœur de cette clameur humaine, résonne le discours engagé – et parfois amusé – d’un dramaturge qui se joue de la langue sans jamais nous lasser.
Détail des textes présents dans ce livre
Chère Juliette
Texte original en anglais traduit en français par
Le monologue d'un homme seul, dans un hôtel. Pour être un homme libre, à
combien de métamorphoses faut-il se soumettre, et combien de costumes
faut-il emprunter ? Malgré les apparences et les masques, la solitude,
en vieille compagne, vient toujours frapper à la porte...
La Visiteuse
Texte original en anglais traduit en français par
Odile revient sur les bancs de l'école, dans sa salle de classe. Elle
est surprise dans son pèlerinage par Frédéric, un agent d'entretien
philosophe qui récite du Radiohead. De leur rencontre naît un dialogue tissé des souvenirs de chacun, qui nous
met face à notre rapport au temps qui passe : Est-on finalement un jour
ce que l'on voulait être ? Et n'est-ce pas déjà trop tard ?
Un café, une table (trois conversations)
Texte original en anglais traduit en français par
Il y a les cafés, les verres de vins, les serveurs qui n'arrivent
jamais, et au milieu de cette rumeur familière, trois couples de
personnages en équilibre, qui s'apprivoisent et se cherchent à travers
des face-à-face singuliers. La terrasse du café : un territoire neutre
où se jouent des drames intimes et des croisades amoureuses dont il ne
reste rien d'autre qu'un peu de monnaie sur la table et quelques mégots
dans le cendrier.
Une mort
Texte original en anglais traduit en français par
La fille est partie. La mère et le fils,
isolés dans leur maison, regardent la campagne devenir désert. On ne
voit plus au loin que le chien et le vieux Paul. La parole même tourne à
vide : le dialogue se nourrit de souvenirs qui seuls sont capables de
maintenir les personnages en vie.
Je dis je
Texte original en anglais traduit en français par
Le monologue d'une femme qui se fait mémoire du monde et des hommes.
Elle dit « je » pour dire « nous », et elle rappelle les souvenirs de
ceux que nous avons croisés, embrassés, ignorés. Elle est ce qui nous
hante, et ce qui nous manque.
Dernier rivage
Texte original en anglais traduit en français par
Le monologue d'un exilé aux poches trouées, qui se cherche une identité.
Comment trouver sa place dans un monde où ce qu'on possède nous définit ? Les souvenirs de guerre se mêlent aux bruits de la rue et à l'imagination. Les
paroles de musique comme un refrain bien connu ponctuent cette pièce
qui questionne notre humanité.
le prisonnier et son gardien
Texte original en anglais traduit en français par
Qui, du prisonnier ou du gardien, s'est laissé enfermer dans cette pièce ?
Entre les deux se noue un dialogue à couteaux tirés, qui
dévoile la médiocrité de l'homme, rongé par ses instincts et ses
besoins primaires. Dans l'obscurité de la prison, vacille tout de même
une lueur : celle du prisonnier qui persiste à rêver de liberté.
Tout au long de la nuit
Texte original en anglais traduit en français par
Une chambre d'hôpital, la nuit. Elle est inquiète, Lui est malade. Ils
essaient, ensemble, de recréer le monde du dehors, celui des
bien-portants, avec ses poules, ses marchés et ses oranges amères. Une
pièce forte, où transparaît derrière la fatigue du quotidien la
nécessité de résister et d'aimer.
Ali
Texte original en anglais traduit en français par
Ali, un élève du lycée sans papiers, est introuvable. Les professeurs doivent répondre aux questions de la police, venue le chercher après avoir embarqué sa mère. Mais faut-il
participer à cette chasse à l'homme ? Un cas de conscience que chacun
vit à sa manière, et où perce le trouble profond de
notre époque.
les paroles
Texte original en anglais traduit en français par
Sans logis, Paul et Helen errent de ville en ville, en quête d’un lieu où ils puissent se fixer. Il est noir, elle est blanche. Ils forment un couple mixte uni par la différence qui les sépare des autres et par la dépendance qui les lie l’un à l’autre. Ils sont seuls. Ensemble.
Ce texte figure également dans les éditions suivantes :
Photographies de A
Texte original en anglais traduit en français par
L'auteur, en s'inspirant de l'essai de Georges Didi-Huberman Invention de l’hystérie : Charcot et l’iconographie photographique de la Salpêtrière fait de nous les témoins du monologue de A, une patiente frappée
d'hystérie et traversée de crises violentes dont la souffrance ne
rencontre aucun écho.
Trois hommes dans une bouteille
Texte original en anglais traduit en français par
Trois aveugles boivent une bouteille dans un
bar, comme à leur habitude. Ils sont visités dans leur ivresse et leurs
bavardages futiles par plusieurs personnages qui rompent leur isolement. Mais cette promiscuité soudaine avec le monde - celui
qu'ils ne peuvent pas voir -, les fait sombrer peu à peu dans la folie.
Une pièce noire au fort potentiel comique.
chacun sa part
Texte original en anglais traduit en français par
Tex et Sugar sont deux jeunes vagabonds, qui n'ont peur ni de voler, ni
de blesser, ni de tuer. Dans cette débauche de violence, on perçoit la
misère et la gaucherie de ces deux hommes tout juste sortis de l'adolescence. Mais à force de jouer avec
le feu, Tex et Sugar pourraient bien s'y brûler les ailes.
Rapport pour une académie
(que monsieur F. Kafka veuille bien m’en excuser)
Texte original en anglais traduit en français par
Sous forme de rapport adressé à des académiciens, ce texte évoque avec humour et autodérision la vie de dramaturge menée par l'auteur arrivé au crépuscule de sa vie.