Le long du fleuve, sur un quai désert bordé de maisons et d’entrepôts en ruine, c’est L’Étoile du Sud, hôtel-restaurant désaffecté, au bout du bout du monde. Marcia, la gérante, Nuno son poète de mari, Luis son fils cadet et Alvaro le meilleur ami de ce dernier vivent là en attendant le touriste et le grand départ.
Les pieds sont sur la terre ferme, mais l’esprit est tourné vers l’océan, à portée de rêve. Or seul un bac invisible accoste, pas ce bateau tant espéré qui les arracherait à leur réalité. Toute une ribambelle de personnages – prostituée, boxeuse, marins, vieilles dames, poètes, collégiens, océanographes, hommes-corbeaux, femme-pieuvre – viennent s’incarner dans les habitants du quai et hanter ce texte tout en force, en poésie libre et pleine d’espoir.
Karin Serres teinte sa pièce du réalisme merveilleux et des fictions à la Lobo Antunes pour un théâtre qui décolle.
Ouvrir ce livre, c’est se laisser happer par l’écume du Tage, fleuve-mer qui sépare Lisbonne la belle, appelant le grand large, l’abandon, la mélancolie, les odeurs d’embruns… Cette sensation, ces caresses invisibles, ce fantasme de l’ailleurs, tout est Marzïa.
90 minutes