Camille est seule. Alors elle soliloque, comme pour la dernière fois. Car il est bien question de vie ou de mort dans ce flot de paroles. Son verbe est lancé à la poursuite de pensées apparemment chaotiques, que l’envahissement intérieur d’êtres différents lui impose : archétypes, puissances tutélaires ou entités subtiles, invisibles pour le commun, elle les convoque tous, se collette avec tous. Ainsi passe-t-elle des abîmes de l’enfance aux affres de la vieillesse.
Dominique Carleton nous place devant l’évidence d’un texte désespéré et drôle, vertigineux, virtuose et ardent. Vertigineux, car écrit à l’attention de comédiennes alpinistes cherchant les sommets ardus et les courses folles. Ardent, puisque destiné aux adeptes des incendies propagés par une langue rare. Virtuose, car imposant une radicalité littéraire entre l’énigmatique « langue des oiseaux » et l’acuité d’une écriture précise et sculptée. Il est urgent de découvrir cette oralité paradoxale, ironique et terrifiante, parcourue par un souffle puissant et singulier.
80 minutes