Qui est Michelle ? Ou plutôt : qui est uneviedechat ? Une adolescente insouciante ou mal élevée ? On assiste ici à la confrontation de deux mondes : celui des « vieux », qui regardent défiler le paysage, et celui des jeunes, prompts à le mettre en boîte, ce beau décor, avec leurs smartphones tout équipés et ultraconnectés. C’est à ce nouveau monde qu’appartiennent Kim, Angèle, Michelle, Sélim et Abel. Et c’est l’ancien monde qu’ils viennent visiter en allant découvrir à Auschwitz l’horreur des camps de concentration, ce souvenir dur et froid, qui ne résistera pas, cependant, au sourire de Michelle et au déclenchement de son appareil photo…
A-t-elle accompli son devoir de mémoire en prenant ce selfie ? A-t-elle sali le passé en posant devant les vestiges de la Shoah ? Les avis divergent sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent, et la Toile se referme sur Michelle, prisonnière virtuelle d’un harcèlement numérique cruel. L’écran devient le point de confluence entre le réel et l’image, et redessine nos espaces de parole et de liberté.
Avec cette pièce chorale inspirée d’un fait divers réel, Sylvain Levey nous laisse libres d’exercer notre regard – et notre jugement – sur cette société du paraître que nous avons bâtie. Grâce à une dramaturgie jouant de l’immédiateté d’Internet, il démonte le mécanisme de l’emballement virtuel, qui confine au harcèlement.
Dans la presse
Un épisode du podcast Les Obsédés textuels est consacré à
Michelle doit-on t'en vouloir d'avoir fait un selfie à Auschwitz ?,
à écouter ici.
"Elle a osé prendre un selfie à Auschwitz. Elle a osé la représentation
de soi, dos tourné au camp de la mort, à ce lieu qui pourtant justifie
la photographie elle-même – paradoxe que souligne avec justesse Michel Simonot dans sa postface de la pièce. Doit-on l’accabler ? [...] Sylvain Levey dévoile cet ordinaire de la représentation, qui pénètre
aussi bien les élèves que les professeurs d’histoire et d’allemand. Tous
envoient des messages ; tous postent des photographies avec
commentaires, chaque fois qu’ils arrivent dans un lieu. [Sylvain Levey] écrit l’histoire, sans prétendre nous instruire,
sans même répondre à la question inaugurale, avec une grande tendresse
pour ces êtres perdus dans leurs habitudes."
Pierre Monastier, profession-spectacle (octobre 2017), l'article dans son intégralité est consultable ici."Le
selfie (que les canadiens francophones nomment du joli terme
d’égoportrait) suppose, comme le rappelle Michel Simonot dans sa
postface, de tourner le dos à ce que l’on photographie – et peut-être
même de ne l’avoir vu que sur son écran de téléphone. Est-ce pour autant
tourner le dos au monde et refuser de le voir ? Les lecteurs jugeront."
Y. A., lapetiterevue.fr (novembre 2017), l'article dans son intégralité est consultable ici.
".../...En prise directe avec notre époque, cette pièce qui explore notre soumission à la technologie est didactique, effarante et bien vue.../... Pour se tirer d'affaire, suffira-t-il d'éviter le selfie de trop ? Pas sûr."
Jean-Luc Porquet, Le Canard enchainé (17 juillet 2024)