Dans un bar minable de Berlin tenu par le Turc, l’arrivée du Suicidaire, un intellectuel cynique, va réveiller de leur torpeur la Belle, le Beau Gosse et le Barbu, trois Palestiniens assis chacun à une table, immigrés comme lui et tout aussi « impuissants ».
Bientôt langues et corps se délient et chacun révèle la blessure profonde qui l’a conduit là, dans cette « planque des révolutionnaires détraqués ». La parole fuse, libre de toute contrainte, les corps se cherchent et se débattent, la tragédie de l’existence assiégée se rejoue.
La pièce est radicale à tout point de vue. Réaliste, politique et métaphysique à la fois, elle résonne de toutes les frustrations et de toutes les pertes, qu’elles soient identitaires, communautaires ou humaines.
Dressant un violent portrait des apparatchiks palestiniens et abordant sans complaisance leur propre responsabilité dans l’impuissance où ils se trouvent, Riad Masarwi mène le théâtre arabe là où il n’est jamais allé auparavant : vers une salutaire liberté, tant verbale que sensuelle.