Le Roi Lear est souvent tenue pour la plus noire des grandes tragédies légendaires de Shakespeare, à cause de la catastrophe finale, infiniment désespérée. C’est aussi, l'une des plus humaines.
Le roi Lear décide de partager son royaume entre ses trois filles. Les deux premières, pour plaire à leur père et recevoir le meilleur lot, récitent un joli compliment. Cordélia, la plus jeune, refuse le concours d’hypocrisie. Le vieux roi, d'autant plus déçu qu'il la préférait, la renie. Par ce geste, il se renie lui-même. Comment alors une terrible tribulation où, pour retrouver son être, il devra perdre son rang, sa raison, sa vie.
Lear est donc une histoire d’identité : de théâtre et d’humanité. Les personnages, dans l’abandon de leur rôle social devront survivre, en éprouvant le dénuement, la violence de la nature et des hommes, aux confins de la conscience et de l’existence. Sur le plateau nu de la scène élisabéthaine, cette pièce est une œuvre expérimentale, diverse de registres, nourrie de multiples références. Si on a pu parler de « Passion » d’avant le Christ, en réalité le monde de Lear, drôle et terrifiant, n’est ni païen ni chrétien. C’est le théâtre : la condition humaine, mise en dérision par la lucidité du fou.
Jean-François Sivadier porte à la scène cet « opéra anthropologique, ce coup de poing gigantesque à l’inconscient ».
Pascal Collin propose ici une traduction nouvelle pour les acteurs d’aujourd’hui et de demain : « une matière dont ils puissent être les créateurs » à partir du plateau, chaque soir, pour un théâtre qui renaît à chaque fois de la rencontre entre la scène et la salle.
150 minutes