4CV, comme quatre couloirs de vie, quatre personnages d’une même famille : le père, la mère, le frère, la sœur. Cette dernière est partie vivre à la ville, tandis que les trois autres vivent à la campagne : ils ne parviennent plus à se comprendre. Mais ils sont rassemblés à la suite d’un événement malheureux qui les contraint peu à peu à fissurer les couloirs qui les séparent. La parole se libère, difficilement, les souvenirs enfouis ressurgissent.
Les personnages de Manoell Bouillet sont des taiseux, mais progressivement souffle un petit vent de liberté qui ébranle les carcans des dominations en jeu dans l’espace clos de la famille : dominations économiques, patriarcales, religieuses et linguistiques. Ciselant les mots, empruntant parfois la voix du gallo, l’autrice signe un texte ancré dans la terre, violent et pudique. Mais, grâce à un verbe poétique et distancié, cette fable pour quatre acteurs va bien au-delà du reportage sociologique sur les errements intimes en milieu rural.
75 minutes