Née à Paris en 1984, Clémence Weill est comédienne, metteuse en scène et autrice.
Formée à l’école Claude-Mathieu, elle a (beaucoup) appris et (bien) travaillé avec diverses personnes de grands noms. Citons Diana Ringel, pour l’expressivité du corps et du silence, Matthias Langhoff pour l’ancrage au monde, et Jean-Louis Hourdin, qui lui apprit à « danser sur le scandale ».
Ses premières années de mise en scène la virent adapter L’Opéra du Dragon (H. Muller), Mars (F. Zorn), Mesure pour mesure (Shakespeare), Une fable sans importance (coécrit avec C. Decroix)… et même diriger L’Histoire de Melody Nelson de S. Gainsbourg, avec Jean-Caude Vannier à la Cité de la Musique.
Un beau matin, elle se mit à écrire. Ce qui donna une pièce que ses amis eurent l’amabilité de prétendre n’avoir pas lue.
Puis, à force de travail, naquit Pierre. Ciseaux. Papier., qui lui offrit le Grand Prix de littérature dramatique, l’écoute de certaines institutions, et l’occasion de réfléchir son sentiment d’imposture. Cherchant à comprendre « d’où elle parle » (comme on dit en fac de socio), elle partit interroger les autres sur les sujets qui lui tombaient des mains (l’économie, les croyances, la démocratie, les frontières, l’Europe…) Ce travail de rencontres, de voyages et d’enquêtes (volontairement) arbitraires devint vite le pivot de sa démarche d’autrice. Cela donna les pièces ci-dessous :
– Pierre. Ciseaux. Papier. Publié aux éditions Théâtrales en 2013. Grand Prix de littérature dramatique en 2014. Lauréat des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre, mise en scène de Laurent Brethome, Le Menteur volontaire, Théâtre Sorano, Toulouse, Théâtre du Rond-Point, Paris.
– Les Petites Filles par A + B, mise en scène de Sarah Lecarpentier, Cie Rêvages, Le Grand Bleu, Lille, 2015.
– Variable ajustable (traduit en anglais par Simon Scardifield et en catalan par Gemma Beltran), mise en voix de Ferran Dordal i Lalueza, Sala Beckett, Barcelone, 2015.
– Torino 2CV. Textes en l’air 2015. Mis en scène par Antonin Fadinard, Lynceus festival 2016.
– Plus ou moins l’infini. Publié aux éditions Théâtrales en 2016. Texte lauréat du Jamais lu Paris, 2015, mise en voix par Martin Faucher, Théâtre Ouvert, coup de cœur du CDN d’Orléans et du Théâtre de la Tête Noire.
– SMOG [Et si tu n’existais pas], dans le dispositif « Binôme », SACD, Avignon 2017. Éditions Solitaires intempestifs 2018.
– Philoxenia. In varietate concordia, éditions Théâtrales 2019, aide à la création ARTCENA. Mise en scène Sarah Tick.
Clémence Weill invente des formes littéraires en prise avec l’actualité du monde. Elle s’y inspire de tous types de matières écrites ou orales, qu’elle tresse et fictionnalise. Ces œuvres en collages veulent laisser une grande liberté aux metteur·se·s en scène et proposer aux acteurs des partitions, au sens musical du terme. Par cette écriture en patchwork et coups de théâtre, elle questionne la réalité des mots, des discours, des images, et invite le spectateur à s’interroger sur ses opinions et sa responsabilité. Jouant avec les frontières de la fiction et du rapport acteur.ice/ spectateur.ice, ses textes parlent de désir, de pouvoir, de luttes, de rites et de slow. Ici on défend l’humour pour traiter les sujets graves et le très sérieux dans le futile.
En parallèle de son travail d’autrice, Clémence collabore avec des collectifs décapants, des artistes-artisans délicats, militants du mélange des formes et de l’horizontalité. Citons : le club ACMÉ (Aurianne Abécassis, Marc-Antoine Cyr, Solenn Denis et Jérémie Fabre), Sophie Dufouleur (Le Discours de l’incertitude volontaire), Cécile Tonizzo, Des clous dans la tête, Cie Rêvages, Cie Enascor, L’Invention de Moi… Tantôt en rue, tantôt en CDN, en squat, sous les dorures républicaines ou en salle des fêtes, du Larzac à Béthune, d’Avranches au Vercors, ielles inventent des formes hybrides, joyeuses, engagées et éphémères.
Depuis 2017, Clémence porte une performance au long cours : L’Éternel retour de la chance. Une quête de joie sur les traces de Joe Dassin. Ceci l’a amenée à devenir curatrice du Musée de la Jo(i)e à Montréal, à concevoir un cycle d’émissions radio de semi-fiction, à cuisiner ses chagrins d’amour en public ou à transformer une église du xiiie en salle des fêtes des années soixante-dix.
Le reste du temps elle fait des dessins et des croquis techniques sur Post-it, du militantisme écolo et des parties de Trivial Pursuit, au Havre, où elle habite.
fiche modifiée le 10/08/2020