Pour se préparer à la mise en voix du texte, l’enseignant pourra procéder avec les élèves à un certain nombre d’exercices préparatoires.
Se mettre en cercle et se compter. Adopter une position neutre, bras le long du corps, épaules détendues, pieds bien ancrés dans le sol, tête bien droite, le regard posé à l’horizontal. L’animateur donne le chiffre 0 et le compte s’égrène, chaque élève sans se presser poursuit le compte. Si deux élèves donnent un chiffre en même temps, on recommence à zéro. On essaye de garder une disponibilité aux autres et une écoute attentive de chacun. Si l’exercice ne fonctionne pas, reprendre un exercice sur la respiration pour que chacun soit sur la même longueur d’onde.
Puis s’étirer, bailler et ne pas hésiter à faire du bruit en baillant.
Soufflez par la bouche pour vider tout l’air des poumons. Bras le long du corps, prenez une inspiration par le nez, lentement, en levant les bras lentement, jusqu’au dessus de la tête. Bloquez la respiration quelques secondes puis expirez lentement en abaissant les bras. Videz l’air ainsi inspiré de manière sonore. Bloquez la respiration quelques secondes puis reprenez une inspiration… Essayez de déplacer la respiration dans le ventre. Répétez l’exercice 3 fois.
Prendre 2 à 3 minutes pour effectuer cet exercice qui peut devenir un rituel avant toute lecture à voix haute. Choisir quelques phrases des fragments abordés et varier le travail d’articulation. On peut demander aux élèves d’exagérer tous les mécanismes de l’articulation, de dire très lentement, au ralenti, chaque syllabe. On peut leur proposer de mimer les syllabes, les mots sans prononcer les sons. On peut prendre une inspiration et prononcer sa phrase sur l’expiration. Certaines phrases travaillées de la sorte peuvent être apprises par cœur et les élèves peuvent les réciter de plus en plus vite tout en articulant correctement chaque syllabe.
Cf Laurent GAULET, Ar-ti-cu-ler, Tutti la tortue, éditions First.
D’autres volumes proposent un travail sur d’autres consonnes, au choix.
Chaque élève choisit une phrase du beau-père en colère. Se placer par groupe de quatre : une personne va écouter les autres qui prennent la parole en même temps. Ils s’adressent ensemble à la même personne en essayant de retenir son attention. La personne qui écoute regarde la personne dont elle suit les propos.
Pour s’exercer seul : prendre une phrase du beau-père et se placer dans un coin de la classe, en se tenant le plus près du mur. Adopter une position neutre, tête bien droite, regard à l’horizontale, les bras le long du corps. Prendre deux inspirations ventrales et prononcer sa phrase ; le coin du mur formant une caisse de résonance, l’élève entend et peut écouter sa voix. Cet exercice permet aux élèves de se familiariser avec leur voix. Il peut ensuite s’amuser à articuler en exagérant, en haussant la voix, en riant, en hurlant et la placer dans les hauteurs ou au contraire en la plaçant dans les graves. Il peut parler en murmurant, en parlant sourdement en abaissant au maximum le souffle comme si les paroles venaient directement du fond du ventre…
Au fur et à mesure, l’élève peut prendre de la distance avec le mur ; il peut travailler l’intensité, dire sa phrase en direction d’un point qu’il s’est fixé dans ce coin, en augmentant la puissance de sa voix pour se faire entendre.
Séparer la classe en deux groupes ; l’un pratique l’exercice sur l’espace scénique quand l’autre observe puis on inverse. Les participants du premier groupe se répartissent dans l’espace, en respectant l’équilibre du plateau. Ils marchent sans but précis ; puis chacun se fixe un but et s’y rend directement (travailler l’imaginaire) ; en cours de route, on change la trajectoire. Dès qu’on croise un regard, on est influencé par l’autre, on change de rythme, on construit un rapport avec l’autre et on se sépare (trouver le moment de séparation, ne pas poursuivre l’échange s’il n’y a plus rien entre les deux participants).
Poursuivre l’exercice en sonorisant d’abord un son, une lettre. La prononcer pour soi, éprouver le son dans la résonance en soi ; puis donner à entendre ce son, le projeter, éprouver la voix utilisée sur le plateau, voix amplifiée. Si un échange se construit avec un autre participant, le poursuivre et trouver quand cela s’arrête.
Puis former des groupes sans que le public soit au courant (même couleur, lunettes… trouver des points communs), développer son sens de l’observation ; affirmer son existence et son appartenance à un groupe). Les groupes ainsi constitués peuvent jouer ensemble, se déplacer ensemble, être ensemble. Chaque membre du groupe ne peut agir en pensant que les autres membres vont le suivre, il faut être dans le partage et l’écoute, saisir tout ce qui se présente et trouver des solidarités.
Chaque groupe peut adopter une humeur partagée : je suis à l’écoute des sensations qui existent au sein du groupe et je ressens les autres groupes autour de moi, ne plus agir et sentir seul mais avec le groupe et les autres. Être au cœur de la sensation et éviter tout signe, tout langage des signes, ne rien mimer, ne rien programmer : être juste à l’écoute des autres et chercher avec le corps et non réfléchir à ce que l’on pourrait proposer. Saisir tout ce qui se présente sur l’aire de jeu et réagir avec le corps, ne pas se figer dans une réaction unique (la plus simple, l’affrontement). Trouver ce qui peut se jouer, dans l’espace investi, dans le moment présent. Éviter d’agir ou de réagir dans l’impulsion première, prendre le temps de composer, de recomposer = jeu du ping-pong.
Reprendre cet exercice par groupes de deux ; après les déplacements sur le plateau et le jeu des regards, les élèves disent le texte à deux en conservant la méthode du ping-pong. Les fragments de répliques sont prononcés d’abord pour soi, puis proférées pour les autres. Chaque fragment doit trouver sa mise en scène : s’adresser aux autres personnes présentes sur le plateau et chercher des manières différentes de proférer sa réplique.
Après cette phase de travail, les participants se placent devant un pupitre et lisent un fragment du texte sans avoir réparti la parole au préalable. La prise de parole se répartit naturellement à l’écoute (jeu du ping-pong). Les liseurs regardent toujours le public, ils donnent leurs propositions. Ils prennent le temps de dire ce qu’ils ont à dire, ils écoutent ce qui vient d’être dit avant d’enchaîner (faire attention à la sensation donnée. Ils peuvent se regarder l’un l’autre. Toujours penser à former un chœur même si chacun propose quelque chose de différent.
Reprendre l’exercice en plaçant d’autres couleurs dans la voix.