Carnet mis à jour en 2017.
Texte sélectionné par l’Éducation nationale, Liste de « Lectures pour les collégiens » 2013.
[(Carnet pédagogique rédigé par Alexandra Pulliat, professeur de français du secondaire et Véronique Dekimpe, professeur de français du secondaire.
Recherches documentaires : Audrey Liébot.)]
Une adolescente mal dans sa peau, mal dans sa famille, mal dans son corps. Un texte désespéré sur ces âges transitoires ? Non, un monologue puissant, traversé de voix. Une jeune fille contre la bêtise crasse de son beau-père et l’atonie de sa mère. Et il est question d’une grande sœur partie en Afrique et des visions de notre protagoniste : la tête éclate à force…
Mais les apparences sont trompeuses : ce beau-père raciste ne cache-t-il pas une fêlure ? L’oncle policier ne peut-il pas être poète ? Ou clown ? Autant de questions posées par Henri Bornstein dans ce texte au souffle vivifiant.
À lire comme un roman-journal. À jouer pour dire la violence ordinaire.
Henri Bornstein est metteur en scène. Installé à Toulouse, intéressé à la fois par la musique et par le théâtre, il a mis en scène dans le cadre de sa compagnie, Nelson Dumont, plusieurs adaptations dont Catch d’après le célèbre ouvrage de Roland Barthes Mythologies, avant de se consacrer à de grandes écritures, celles de Grégory Motton, Enzo Cormann, Wajdi Mouawad, Serge Valetti… Il s’est aussi penché sur des pièces jeunesse et il a ainsi monté Bouli Miro de Fabrice Melquiot, Le Pont de pierre et la peau d’images de Daniel Danis, Qui dit ? Qui ? d’après Yves Lebeau. Il a également mis en scène ses propres textes et livre ici, pour sa première pièce jeunesse publiée, un texte fort et émouvant mettant en scène une jeune adolescente en mal d’identité.
Le monologue de la jeune protagoniste de Mersa Alam s’ouvre en forme de rejet. Elle formule les liens qui la rattachent au monde, à la vie, à l’amour, détaillant ce qui lui est cher : des personnes, des objets, un poisson multicolore sur un poster, qu’elle nomme Mersa Alam (principal destinataire de sa prise de parole), qui perdent parfois de leur force, s’évanouissant, disparaissant sous la haine qu’elle entretient à l’égard de son beau-père raciste. D’où surgira pourtant le malentendu, la surprise.
Ce carnet permettra de donner des pistes pour travailler ce monologue traversé de voix en classe entière ou avec plusieurs participants d’ateliers.
« Quelques petits bouts de ma vie seraient en lutte parmi mes petits bouts de mort »
La jeune adolescente tente de recomposer le réel, de faire la part de l’amour et de la haine, en orchestrant de petites scènes de rêve qui la font échapper un moment à sa vie de famille qu’elle rejette. Elle se fait un monde où elle peut vivre, fondé sur une suite de cérémonies, dans une composition presque picturale de l’auteur fonctionnant par amalgames de motifs, d’associations d’idées, tantôt sur un mode cubiste, tantôt sur un mode pointilliste.