Cet exercice peut s’effectuer sur l’ensemble de l’œuvre (les répliques de Garance y étant particulièrement propices), en invitant les élèves à repérer toutes les expressions qui sont utilisées à la fois de manière littérale et figurée. Les exemples de : « passer l’éponge » p. 27 et « passer un savon » p. 38 pourront lancer leurs investigations.
Les répliques de Garance sont remplies de jeux de mots et peuvent chacune faire l’objet d’une analyse puis d’une recherche d’autres expressions que les élèves pourraient employer au sens propre et au sens figuré. Sa réplique p. 11 sur le passé composé, reprise plus tard par Prune et Lola pp. 29-31, peut évidemment être un point d’accroche en conjugaison, en proposant aux élèves de trouver, dans le texte, d’autres phrases au passé composé ou bien d’en inventer. Cette idée peut s’accompagner du jeu proposé par Prune à Lola un peu en amont, p. 22, où elle lui cite une liste de phrases de : « Le lion bondit… » à « … sur le toit » et l’interroge sur qui fait l’action et à quel temps.
La question peut être posée aux élèves comme elle l’est à Lola et faire l’objet d’autres inventions d’écriture du même ordre et de jeux de mémoire.
L’utilisation de métaphores filées est récurrente dans la pièce et accompagne les jeux de mots. Elle permet un travail de l’imaginaire. Un jeu autour des mots ayant la même racine puis d’associations d’idées peut accompagner la lecture.
Exercice possible : une personne commence et dit le premier mot qui lui passe par la tête : bleu. La suivante, à l’inverse du jeu des mots ayant la même racine, n’a pas le droit de dire « bleuet » ou « bleuté » mais doit donner un mot qui lui fait penser au bleu : ciel par exemple. Puis la troisième doit enchaîner : soleil ou lune, étoiles, parachute, et la quatrième ainsi de suite par rapport au mot donné par la personne précédente. C’est un exercice qui ouvre l’imaginaire et qui peut se faire avec des noms communs et par la suite avec des expressions. |
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La personnification est également employée régulièrement par l’auteur afin de décaler l’objet de l’action, qui n’est plus l’humain, mais une partie de son corps ou un objet. Cet élément fait écho au choix d’associer un personnage à un objet qui le caractérise. On le note notamment dans le fait que les parents sont décrits uniquement au travers d’un accessoire, comme s’ils n’avaient pas réellement de visage ou que leur souvenir s’était effacé. La mère est un bruit de talon, le père une paire de botte : tous deux des chaussures qui permettent de se déplacer et évoquent la fuite, le départ, l’abandon. Ce choix stylistique est frappant dans la scène où Lola apprend comment sa mère est partie et où elle demande à Prune p. 23 : « Du coup c’est qui le méchant ? La main, papa ou maman ? ».
Cette question est délicate et laissée sans réponse par Carmona mais peut, une nouvelle fois, être l’occasion d’un débat et amener l’évocation de la violence dont peuvent être témoins les enfants au sein de leur famille.
Le Haïku utilisé par Prune p. 25 est un appui pour étudier ce type de poème, et pourquoi pas en écrire avec les élèves autour de thématiques de la pièce, ou sur un ou plusieurs personnage(s).
Antonio Carmona a suivi une formation de clown et en reprend certains codes au sein de son écriture : le fait de répéter les choses trois fois est certes lié au comique de répétition employé dans le théâtre classique, mais c’est également une règle en clown. Effectivement, lorsque l’acteur·ice fait quelque chose qui n’a rien à voir avec la scène qui se joue, iel doit le refaire (ou le redire) trois fois. Cet élément devient alors un ressort comique. On note cet emploi dans les répliques de Lola qui pose systématiquement trois fois les questions à Prune lorsqu’elle n’obtient pas de réponse. C’est intéressant de l’indiquer aux enfants, tout en cherchant au sein du texte les fois où Lola le fait et de questionner avec elleux si cela les fait rire ou les interroge. Cette recherche de comique peut s’étendre à toute la pièce et permettre d’analyser les moyens employés par l’auteur pour provoquer le rire chez les lecteur.rice.s.
L’influence du clown est certainement présente plus largement au sein même de l’écriture de Carmona puisqu’un clown s’étonne de tout, tel un enfant émerveillé, et prend chaque mot ou situation au pied de la lettre. Cette ambivalence entre le comique et le dramatique qui caractérise la pièce et l’écriture peut être questionnée avec les élèves. Est-ce que raconter le drame avec humour permet de le dédramatiser ? Est-ce que l’histoire y parvient aussi bien, voire mieux ?