éditions Théâtrales Jeunesse

Les fantômes sont-ils toujours dans de beaux draps ?

de Antonio Carmona

Carnet artistique et pédagogique

[…] elle écrase les groseilles avec les mains et en chipe frénétiquement de temps en temps...
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CLÉMENCE.- Où est la hache Georges ? J’ai besoin de couper plus petit mes haricots !
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Sur ces mots, Clémence s’empare avec détermination de la marmite au centre de la table et plonge avidement les mains dedans.
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Ces trois exemples de didascalies et répliques montrent un univers presque cartoonesque où toutes les actions sont disproportionnées, rendues presque inquiétantes. Ayant pris le temps au préalable de s’interroger avec les élèves sur le pourquoi d’une telle surenchère, l’enseignant·e pourra proposer aux élèves, toujours en petits groupes de 3 ou 4, de tenter de mettre en scène ces différentes actions.
Pour ce faire, plusieurs pistes peuvent être proposées : le mime tout d’abord – même s’il comporte une part un peu illustrative demandant beaucoup de précision – mais aussi l’emploi d’accessoires – qui peuvent être ceux mentionnés par le texte ou au contraire des objets décalés – et enfin le jeu marionnettique.

Ces actions bizarres qui surgissent au milieu de scènes de dialogues tendus sont importantes pour avoir accès à l’état des personnages. Si on a pu les faire exister par la parole lors d’une mise en voix du texte, il est intéressant de se demander comment les faire apparaître ici dans le jeu.

Si un groupe choisit de passer par le mime, l’enseignant·e devra suggérer aux élèves d’être très précis·es dans l’exécution de leur geste : celui-ci doit être parfaitement compréhensible par le public. Les groupes d’élèves pourront, s’ils le veulent, utiliser une bande-son pour compléter leur proposition, même si, une fois encore, cela nécessitera beaucoup d’écoute et de précision. Aussi complexe que puisse être le mime, il est très approprié pour faire travailler le mouvement et la lisibilité d’une action, des outils fondamentaux au théâtre.
Le texte peut être superposé sur ces actions d’abord par le biais d’une reformulation avec ses propres mots par l’élève, avant d’apprendre les répliques. On décompose ainsi action et parole avant de finalement les rassembler.

L’utilisation d’accessoires peut être intéressante dans l’idée de donner la mesure de la tension des personnages. Si on choisit les objets mentionnés par le texte – ou des simulacres : nul besoin de ramener une hache ! – il pourrait être intéressant pour l’enseignant·e d’attirer l’attention des élèves sur le soin à donner dans la manipulation de l’accessoire, un outil fondamental au théâtre également. Cela vaut aussi si on détourne d’autres objets pour remplacer ceux mentionnés par la pièce (en prenant par exemple, un poireau pour marteau, ou un éventail pour hache).

Enfin, dans l’idée d’un jeu marionnettique, on réunit l’intégralité des fondamentaux théâtraux déjà en présence dans les propositions ci-dessus. L’enseignant·e pourra proposer aux élèves de fabriquer de petites marionnettes pour faire les parents, ou d’utiliser des poupées, et de les faire utiliser les objets. Dans ce cas, on peut inventer la combinaison suivante : deux élèves font les parents en manipulant les marionnettes, les deux autres font les voix et donnent le texte. L’écoute entre les comédiens devra être encore plus affutée afin de faire parfaitement coïncider texte et action.