Autant de groupes que le nombre total d’élèves en requiert, on gagne avec un groupe entier à faire différents essais par plusieurs petits groupes sur la même partie de texte. On mesure ainsi les effets d’interprétation, la pluralité des idées et des représentations. De surcroît on évite l’effet « possessif » sur un texte qui peut se voir chez certains joueurs.
Sur la scène 11 : Par groupes de 6 joueurs par exemple ; quatre sœurs, un père, une Cendrillon.
Jouer avec les rythmes de jeu et la place dans l’espace, par exemple : Père peut être à une place centrale sur scène, entouré d’un tourbillon des deux filles, tandis que Cendrillon (occupée à un rituel ménager par exemple) est mise à l’écart physiquement. Cendrillon parle aussi lentement que les sœurs parlent vite. Plus qu’à l’intérieur de la réplique elle-même, l’effet de rapidité provient du temps que l’on laisse ou non avant d’enchaîner sa réplique. On peut par jeu, faire des essais très poussés sur ces notions de rythme et de présence (compter jusqu’à 3 pour Cendrillon avant de parler, les sœurs parlent aussi fort que Cendrillon parle doucement…).
Scène « CENDRES 2 » (pages 34-35) :
Disposer quatre sœurs dans l’espace (en trapèze pour que chacune soit vue et Cendrillon au centre. Mettre en jeu métaphoriquement l’étau dans lequel est pris Cendrillon : chaque phrase blessante proférée à l’encontre de Cendrillon la heurte (de manière imagée) et la propulse (littéralement) telle une boule de flipper contre une autre sœur.
Par ces essais, faire prendre conscience de ce que racontent au spectateur l’espace et les déplacements, de ce qu’ils peuvent mettre en évidence.
La mise en scène du temps :
1) On peut aussi faire travailler corporellement sur la notion du temps qui passe pour Cendrillon. Sans parler, comment exprimer les sentiments différents qui traversent Cendrillon au fil du temps ? Donner à voir par exemple : Cendrillon résignée, désespérée, puis révoltée, en colère prête à tout casser ou dans une colère froide, en reconstruction, Cendrillon reprend le contrôle d’elle-même et de l’assurance.
Les différentes étapes de Cendrillon peuvent être jouées par différentes personnes, successivement.
2) « Le temps » fait un passage pendant la durée de jeu d’une émotion, puis refait un passage pour un autre moment donc une autre émotion... ce qui donnera l’impression d’un carrousel du temps qui passe. Mais lui-même est-il altéré par le temps qui passe ? Vieillit-il ? Faire des essais avec un corps de plus en plus voûté, une difficulté à marcher...
Le « carrousel du temps » peut aussi donner lieu à une mise en scène particulière : plusieurs personnes pourraient rester sur scène pendant toute la durée de la pièce, en imaginant des mouvements pour faire sentir le « temps qui passe » : ronde qui tourne de plus en plus vite, dislocation du temps avec tous les joueurs de la ronde éclatés sur le plateau, etc.
3) En travaillant cette proposition, on attirera l’attention sur toutes les possibilités qu’offre une didascalie.
« Un temps » passe, il traverse lentement la scène...
Cette simple phrase peut donner lieu à de nombreuses interprétations et mises en espace. C’est le rôle du metteur en scène d’interpréter, d’adapter en quelque sorte le texte de l’auteur pour le faire vivre par extension et de façon subjective.
Dans cette même ligne de travail, on peut faire imaginer aux élèves quel accessoire « Le temps » pourrait avoir en traversant la scène ? Travailler le symbolisme.
Scène 14, « LES LENTILLES » : le début de la scène, jusqu’à page 51 :
BELLE-MÈRE.- À la bonne heure ! Il y a au moins une personne qui se repose, ici !
Pour donner de l’énergie à une séance de mise en jeu, on proposera de faire un chœur (plusieurs sœurs, père et belle-mère) placé de façon centrale dans l’espace de jeu, au mieux sur une estrade. Soit derrière un paravent (alors le visage, un bras, un vêtement… apparaissent à chaque réplique) soit à vue, chacun à un poste en train de se préparer (se brosse les cheveux, se maquille, se brosse les habits…), leurs répliques sont données intonation et corps en désaccord. La voix autoritaire et empressée doit contraster avec un corps lent et poussif. Seul le personnage de Cendrillon est sur-actif. Elle peut, après chaque réplique (ne pas parler en bougeant), effectuer un déplacement de manière très géométrique, sans rentrer directement en contact avec les personnages mais comme aimantée vers eux dès qu’ils l’interpellent.