Pour une première approche il est conseillé de faire entrer les jeunes lecteurs par des jeux de suppositions et d’imprégnation à travers des extraits ou en survolant le paratexte. Il s’agira alors de se familiariser avec la réécriture, d’en comprendre les enjeux. Mais également de construire sa propre sensibilité et sa culture sur la base de récits patrimoniaux.
1) Montrer la première de couverture pour faire faire des hypothèses sur l’histoire : le titre seul n’indiquant pas qu’il s’agit d’une adaptation de Cendrillon, ne pas le divulguer dans un premier temps.
On peut en profiter également avec les plus jeunes, pour faire repérer et apprendre à différencier le titre, le nom de l’auteur, le nom de l’éditeur.
2) Procéder dans un second temps à la lecture (pages 5 et 6) de la liste des chapitres numérotés de 1 à 27. Si les élèves ont lu en amont une ou des versions de Cendrillon, peut-être que certains éléments peuvent être relevés spontanément. Si l’on a donné à lire en amont le conte des frères Grimm, on pourra se poser la question suivante : quels titres de chapitres vous font penser à un conte que nous avons lu ? (par exemple : « MORT DE MÈRE » ; « LES LENTILLES » ; « LE TALON ET LE PIED »…)
On peut à présent divulguer en page 4 le sous-titre de la pièce : Très librement inspiré du Cendrillon des frères Grimm.
Passons ensuite à la liste des personnages (pages 7 et 8). Quels écarts entre cette liste de personnages et les personnages du conte Cendrillon ? Cela en fonction de la version lue bien sûr, même s’il ne s’agit pas de celle des frères Grimm. Comparer les prénoms des sœurs reste assez simple mais l’on peut s’aventurer dans des suppositions plus avancées en fonction des informations que les élèves peuvent prélever dans leurs connaissances (lecture des contes en classe mais également leurs références propres, dessins animés, albums…) en vue d’un débat interprétatif. Il est important que chacun puisse envisager des écarts avec ses connaissances propres. Bien souvent, les plus jeunes cherchent « la vraie histoire », cette pièce est l’occasion de comprendre que certains textes se transmettent, se transforment, évoluent sans qu’il soit question de « triche » mais de réappropriation d’un sujet, d’une histoire que l’auteur veut à son tour transmettre.
Pourquoi l’auteur écrit : Ma chérie, surnommée Cendrillon ? Depuis quand et par qui pourrait-elle être surnommée ainsi ?
Pélagie et Apolline sont appelées Mes chéries : par qui et qu’est-ce que cela suppose de leur condition et de celle de Cendrillon, autrefois Ma chérie ?
Ici Belle-mère, sa marâtre, est auparavant Gouvernante : est-ce le cas dans les contes lus ou connus, qu’est-ce que cela change ?
Chercher à comprendre ou évaluer pourquoi Un temps, Un long temps ou Un très long temps figurent dans la liste de personnages.
Il sera temps à présent, avec les plus jeunes, de se poser cette question : dans quel type de texte peut-on trouver une liste de personnages ?
En revanche, on pointera l’écart entre la liste des titres de chapitres-scènes (courant dans le théâtre contemporain) et un découpage en scènes dans l’écriture dramatique classique.
Pour les plus âgés on peut relever, s’agissant d’écriture dramatique, la description des lieux de l’action mais surtout la façon de décrire la durée de l’action (page 8). Relever la poétisation de cette didascalie fonctionnelle. Voir également dans le Glossaire de l’espace pédagogique, l’entrée Espace-temps.
Avec des lycéens, ces relevés peuvent être étudiés en résonance avec l’étude de la règle des trois unités du théâtre classique, de la remise en cause de ces règles et du mélange des genres.
Il est bien souvent intéressant, et dans cette pièce particulièrement, d’offrir en tant qu’adulte une lecture d’un extrait pour la classe ou le groupe. Avant de donner à lire la totalité de la pièce en lecture cursive (en dehors des cours) ou avant de faire lire en classe d’autres extraits par les élèves. Cette première approche conditionne bien souvent l’intérêt ou une accroche. Il n’est pas forcément opportun de commencer par le début mais plutôt par un extrait fort, caractéristique…
On peut choisir de proposer la lecture de « CENDRES 1 » ou « CENDRES 2 », pour être dans le vif de la relation de cette famille recomposée, ou préférer la scène 15, « LA ROBE » pour entrer dans la pièce par le merveilleux, etc., selon l’entrée dans le texte ou les émotions que l’on veut mettre en avant.
À la suite de cette lecture d’extrait, qui comprendra bien sûr la lecture de tout le texte (dialogues et toutes didascalies), on veillera à prendre le temps de laisser les jeunes réagir et questionner le texte ou on provoquera certaines questions en s’appuyant sur ce qui peut être particulier :
Les oiseaux prennent leur envol, portant Cendrillon dans les airs vers le palais.
Ce questionnement pourra ouvrir sur un relevé et un échange avec des cycles 3 des différences entre le théâtre et le cinéma. Puis, il peut amorcer une réflexion sur la question de la représentation et de la mise en scène (fonction de la mise en scène, ce qu’a en charge le metteur en scène…) on trouvera quelques informations dans le Glossaire de l’espace pédagogique.
On gagnera à solliciter l’imaginaire des jeunes sur les possibilités symboliques ou techniques que l’on pourrait inventer pour mettre en scène ce moment « merveilleux ».
Avec des lycéens ou éventuellement des élèves de cycle 4, la lecture de cette pièce peut être à l’occasion d’une séquence ou d’un rappel sur les modes de réécriture (transposition, adaptation, pastiche, parodie…). On pourra aussi lire ou faire lire : « SUR L’ÉCRITURE DE LA FILLE AUX OISEAUX », pages 92 à 94. Notamment à partir de : « Quelle Cendrillon ? » (page 92), pour faire entrer les élèves dans les arcanes de l’écriture (choix, construction…) du point de vue de l’auteur.