Suivant le niveau de la classe, le temps à consacrer à l’étude de Danse Célestine, on pourrait aller plus loin, sur le plan littéraire, pour identifier les choix dramaturgiques de Sabine Tamisier, conscients ou non, au service de son propos et des impressions à donner au spectateur : « Derrière le naturel, découvrez l’insolite » conseillait le dramaturge Bertolt Brecht aux comédiens (et au-delà aux citoyens).
- Quand on lit l’histoire ou que l’on voit la pièce jouée, il nous semble naturel, d’autant plus après lecture, que n’apparaissent que le père et Célestine, pas la mère ni ‘tit grand frère. Pourquoi ? S. Tamisier aurait pu écrire des scènes du soir lorsque la mère est rentrée. Qu’est-ce que cela change, pour nous, lecteurs et spectateurs, qu’elle ne l’ait pas fait ?
Cela permet de se concentrer sur la solitude du père et celle de Célestine, « petite fille courage ». Si la mère était présente, elle prendrait son rôle vis-à-vis de ‘tit grand frère, le père serait soutenu, etc. Le fait que l’enfant soit hors scène permet aussi cette théâtralité d’entrées et sorties, ce qui accentue le besoin d’aide permanente qu’il requiert. Sans compter que ‘tit grand frère aurait été le personnage principal, alors que le propos du texte est justement de montrer comment une sœur ou un frère vit cette situation.
- De même, l’autrice aurait pu choisir de donner des titres à chaque tableau plutôt que les simples « un jour », « un autre jour », etc. Par ex : « Un nouveau lieu de vie », « Tout va mal », « Boutons jetés, boutons dessinés », etc., ou pas de titres du tout. Quel est l’effet recherché, l’effet produit sur le jeune lecteur ? Un effet de proximité, car il ne s’agit pas d’écrire un théâtre d’aventure, de créer un suspense, il s’agit de la vie quotidienne de Célestine, qui pourrait être la leur.