Le travail d’une lecture au théâtre n’est pas une simple vocalisation du texte. Cela consiste en une véritable écriture qui met en lumière la structure du texte et ses enjeux.
Prenons par exemple la première scène de la première partie (pp. 12-14). L’alternance entre les niveaux de jeu peut sembler complexe et abstraite si on ne l’aborde que d’un point de vue intellectuel. Ce changement d’adresse nous est en fait familier, nous le pratiquons quotidiennement y compris les élèves dans leurs jeux d’enfants, à l’instar de Zelda et Jozef. On s’en rend mieux compte dès lors qu’on met la chose en pratique.
Les élèves peuvent faire une première lecture « à plat », c’est-à-dire simple, sans chercher à jouer les personnages, sans chercher à faire de distinctions entre les différentes répliques. La lecture, à voix haute, implique toute la classe, les élèves se passant la parole à chaque réplique. Après cette lecture, une discussion peut suivre, dans laquelle les élèves expriment ce qu’iels ont compris de la scène - ce peut être l’occasion, aussi, d’éclaircir certaines tournures de phrases qui restent opaques.
Par la suite, on peut envisager une deuxième lecture, cette fois-ci plus théâtrale. En effet, l’alternance des adresses invite d’emblée à la représentation : si Zelda et Jozef s’adressent directement leurs dialogues directs, le récit donne envie de s’adresser à un auditoire plus large. On peut imaginer les élèves lire la scène par groupes de deux (sans forcément genrer les rôles), assis·es à une table face au reste de la classe. Les élèves peuvent s’appuyer sur tout le travail de distinction des différentes répliques pour déterminer laquelle relève de quel registre afin de préparer la lecture. Lors de celle-ci, il est important que les élèves prêtent attention à l’adresse : bien s’adresser à l’ensemble de la classe pour les répliques qui l’exigent, et seulement à son·sa partenaire pour le dialogue direct. Pour ce faire, les élèves peuvent jouer avec le regard (tourner la tête vers la ou les personnes à qui on s’adresse), le rythme de la parole (on ne parle pas de la même manière quand on discute avec ses ami·es et quand on veut raconter une histoire), etc. Entre chaque passage, il peut être judicieux de nommer ensemble les outils (de voix, d’attitude, de regard, de corps, en somme de jeu) qui permettent de faire ressortir la situation.