Texte sélectionné en 2004, 2007 et 2013 par l’Éducation nationale pour le cycle 3 du primaire et pour la liste de « Lectures pour les collégiens » 2013.
Carnet pédagogique rédigé par Marie Bernanoce, maître de conférences en études théâtrales, professeur agrégée de lettres. Recherches documentaires : Audrey Liébot.
Carnet mis à jour en 2017.
« Relisons les contes. Nous ne pouvons pas nous tromper. »
Avec pour horizon à l’imaginaire La Belle et la Bête (tel que l’a fixé Madame Leprince de Beaumont en 1756, et quelques adaptations dont celle de Jean Cocteau filmée en 1946), Belle des eaux émerge de l’imagerie et des données traditionnelles du conte, dans une réécriture procédant à la fois de la réduction et de l’enrichissement de la forme initiale. Les didascalies assument la charge narrative ; les dialogues centraux entre Belle et la Bête, fondés sur la répétition, entretiennent le processus de dramatisation. Entre : les non-dits, le silence, la patience et… l’eau.
Bruno Castan renouvelle l’espace du conte en convoquant des images chéries : les paysages de canaux des villes du Nord, l’étendue de la Mer du Nord au-delà des Flandres, les eaux vénitiennes de la lagune entre mer et cité. L’eau est la matrice du fantasme et du rêve, idyllique ou monstrueux. Elle intervient spatialement comme frontière pour les personnages menacés d’inondation, de naufrage, de séparation ; isole Belle, face à la Bête, dans son cheminement intérieur. Elle est enfin, symboliquement, un passeur, conduisant par ses charmes le lecteur/spectateur vers l’acceptation pleine de la fiction.
Bruno Castan fait partie des auteurs majeurs du répertoire de théâtre jeunesse dont il est un des pionniers, comme metteur en scène puis comme auteur.
Après des études d’art dramatique, de mime et d’acrobatie, qui lui ont en particulier permis de fréquenter l’École Jacques Lecoq, il a commencé en 1957 une carrière de comédien, complétée ensuite par la mise en scène. De 1974 à 1985, il dirige l’unité enfance-jeunesse de la MC 93 (Aulnay-sous-bois) où il monte des textes pour les jeunes, dont ceux qu’il commence à écrire. En 1986, il devient directeur artistique du Théâtre du Pélican à Clermont-Ferrand et ce jusqu’en 2000. Depuis 1971, il s’est ainsi consacré au théâtre pour les jeunes, en particulier par l’écriture : son œuvre éditée compte aujourd’hui sept pièces jeunesse.
L’ensemble des pièces de Bruno Castan constitue l’une des œuvres les plus attachantes que le théâtre puisse offrir aujourd’hui aux jeunes. Deux d’entre elles ont été régulièrement conseillées aux enseignants dans la liste des documents d’accompagnement du cycle 3 : Neige écarlate dans la liste de 2002 et Belle des eaux dans les deux listes qui ont suivi, en 2004 et en 2007.
Sa pièce Belle des eaux s’inspire du célèbre conte de Madame de Beaumont, La Belle et la Bête, et s’adresse tout autant à des élèves de primaire (cycle 3) que de collège (de la 6ème à la 4ème), mais aussi de lycée et au-delà.
Pour la présentation et l’analyse des pièces de l’auteur, se reporter à l’ouvrage de Marie Bernanoce, À la découverte de cent et une pièces publié en 2006 aux éditions Théâtrales / SCEREN-CRDP de Grenoble p. 82 à 100, y compris pour son « mot d’auteur ».