Quatre personnages perdus dans l’espace immense et mystérieusement évocateur du Yukon, tout au nord du Canada, à la frontière de l’Alaska, s’arc-boutent sur leurs vies quotidiennes : Yuko, Japonaise en exil ; son colocataire Garin, métis autochtone ; son père Dad’s, vieux loup solitaire ; Kate, une adolescente paumée et enceinte.
Ces quatre solitudes déracinées dans cet État « plus grand que la vie » sont quelque peu à l’écart du monde. Pourtant, là-bas aussi, la machine à broyer les hommes est en marche depuis longtemps et l’individualisme tente de faire progresser son cours dans cette bourse à la survie. Mais une force inconsciente, ancrée dans cette terre des ancêtres, les poussera inexorablement à se rapprocher pour mieux s’épauler : la dignité des humbles et des exilés réels ou d’eux-mêmes.
La langue lyrique et baroque de la jeune autrice Sarah Berthiaume est un québécois traversé d’un anglais
world culture. Elle propose un périple concret dans cet État du Nord, lieu traditionnel du mythe des chercheurs d’or, en même temps qu’un voyage symbolique aux racines des autochtones, pourtant éloignés des rives du détroit de Béring. Comme un cousinage amarré depuis des lustres dans l’esprit des gens.
Célie Pauthe crée ce texte tellurique en mars 2013 à
La Colline - théâtre national, à Paris. Et, fait très rare en matière de théâtre contemporain, Martin Faucher crée également cette pièce de Sarah Berthiaume en avril 2013 au
Théâtre d’Aujourd’hui de Montréal. Une occasion unique de voir deux lectures d’une même œuvre.