«Me voici, Candide.» Fait-on parler Candide sur un plateau, aussitôt surgissent avec lui le sang, la chair, l’os du théâtre. C’est-à-dire le comique, le tragique, le politique et l’épique, soudain incarnés. Candide sur les planches traverse un théâtre qui est à la fois celui de la vie et celui de la guerre, celles d’hier et celles d’aujourd’hui. Il n’est plus l’ectoplasme du conte, mais cet homme que voici, entraînant dans son sillage, d’une galère à l’autre, un précipité d’humanité cabossée. Pour cultiver quel jardin, à la fin, vers la mer de Marmara ?
À cette question, Yves Laplace propose ici une réponse littéraire inédite. Son écriture foisonnante, à l’ironie fulgurante, et la vivacité de sa langue parlée construisent une grande épopée au sens brechtien du terme. Sa pièce aux accents céliniens révèle la théâtralité et la modernité du chef-d’œuvre de Voltaire.
Après avoir, dans de précédents spectacles, évoqué cet immense écrivain des Lumières, et riposté à la censure tacite de sa tragédie Mahomet, Yves Laplace et Hervé Loichemol tentent d’opérer, en scène, son plus grand texte – à travers Candide, théâtre créé en janvier 2009 au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève (avec William Nadylam dans le rôle-titre), puis en tournée en France et ailleurs.