La distinction entre le dialogue (paroles des personnages adressées aux autres personnages et entendues des spectateurs), et didascalies (texte de l’auteur adressé aux metteurs en scène, acteur, scénographe, non entendu des spectateurs) est essentielle pour les élèves. Mais, les didascalies ne peuvent pas être réduites à des indications scéniques de lieu ou de jeu qui autoriseraient le lecteur à les sauter. Dans le texte théâtral contemporain, elles tendent à se raréfier dans le corps du dialogue et à perdre leur rôle fonctionnel par rapport à la scène, mais elles prennent parfois un rôle important dans la fiction, alors destinées d’abord au lecteur.
Cela est très présent dans la littérature théâtrale jeunesse, chez Joël Jouanneau notamment. Elles peuvent alors poursuivre le récit, créer une atmosphère, voire commenter les personnages, établir une communication complice avec le lecteur. Leur forme peut alors varier beaucoup de la règle d’écriture au présent ou participe présent, en phrases simples ; elles épousent l’écriture du dialogue, se font poétiques etc. C’est pourquoi il arrive qu’elles s’invitent sur la scène, en voix off ou dites par l’acteur.
Dans le cadre de la classe, suivant les textes, on aura à distinguer les didascalies fonctionnelles ou de régie de celles fictionnelles, à inviter le lecteur à accorder autant d’intérêt à ces dernières qu’aux paroles des personnages, au risque sinon de perdre des informations mais aussi la saveur du texte et son univers. Pour la mise en voix, celles-ci auront donc à trouver toute leur place. Il pourra arriver aussi qu’on sente le besoin de les faire entendre aux spectateurs dans les mises en jeu.
Pour aller au-delà de cette seule différence entre didascalies et dialogue, Marie Bernanoce développe la notion de « voix didascalique ». Cette dernière permet de rentrer dans toute la porosité entre ces deux couches de texte, porosité qui peut se nommer paratexte (liste de personnages, bornes…) dont la valeur didascalique est très forte.