Carnet mis à jour en 2017.
[(Carnet rédigé par Aurélie Armellini, doctorante en théâtre et philosophie, médiatrice auprès des enfants.)]
Devenu adulte, le Fils nous raconte comment son enfance a été bouleversée par la honte. Enfant, son père et sa folie étaient enfermés dans une chambre à l’étage, sa mère vivait dans une cage de mensonges devant le téléviseur. Dans la tête du Fils, tous les jours, la honte s’étalait un peu plus, au point de vouloir être transparent pour échapper au regard des autres, au point de vouloir effacer les mots qui cognaient contre les parois de son crâne et prenaient toute la place.
Cachés dans les fleurs et derrière les rochers de son jardin secret, deux personnages, Celle qui reste et le Fils de la baleine, aideront progressivement l’enfant à accepter la différence de son père pour vivre et devenir.
Entre théâtre et récit, réalité et fiction, Stéphane Jaubertie nous livre l’histoire émouvante d’une enfance contrariée par la souffrance provoquée par la honte. Un chien dans la tête devient ainsi une occasion de briser le silence en permettant à chacun une meilleure compréhension des multiples facettes de la honte, sentiment que par essence nous partageons peu entre nous.
Né en 1970 à Périgueux, Stéphane Jaubertie s’est formé à l’École de la Comédie de Saint-Étienne. Parallèlement à sa carrière de comédien (il a, à ce jour, joué dans une trentaine de spectacles), il commence à écrire pour le théâtre en 2004, avec Les Falaises. Ses pièces suivantes sont des fables théâtrales qui s’adressent aussi bien aux enfants qu’aux adultes.
Stéphane Jaubertie écrit des fables initiatiques. C’est du plus profond de lui-même qu’il part pour fabriquer un théâtre qui parle au cœur et à la tête. Qu’il s’adresse à tous ou plus particulièrement aux enfants, il compose une dramaturgie toujours simple, intelligente, précieuse et rare. Toutes ses pièces sont publiées aux Éditions Théâtrales. Il anime des ateliers d’« écriture dynamique » pour les enfants et les adultes.
Un entretien avec Stéphane Jaubertie est à retrouver ici.
L’expérience ordinaire et extraordinaire de la littérature prend […] sa place dans l’aventure des individus, où chacun peut se réapproprier son rapport à soi-même, à son langage, à ses possibles : car les styles littéraires se proposent dans la lecture comme de véritables formes de vie, engageant des conduites, des démarches, des puissances de façonnement et des valeurs existentielles.
Marielle Macé, Façons de lire, manières d’être, Gallimard, coll. « NRF Essais », Paris : 2011, p. 10.
Cette citation régira l’ensemble de ce carnet. Ma préoccupation principale sera toujours de proposer des manières de transmettre le texte de Stéphane Jaubertie pour qu’il résonne avec l’actualité intime et universelle du lecteur. Je présenterai ci-après une manière d’explorer avec les enfants le texte pour que chacun ait la place de se l’approprier selon sa propre expérience. Il s’agit ainsi d’essayer d’inscrire l’expérience de la lecture dans un paysage élargi, qui part de l’acte de lecture pour enclencher des manières d’être et des formes de vie sociale.
Comment la lecture va-t-elle entrer en résonance avec ce que je suis, avec ce que je suis avec les autres, avec ce que je suis dans ce monde ? Comment la lecture va-t-elle entrer en résonance avec les expériences de vie de l’enfant ? Avec les apprentissages de l’enfant ?
La pratique de l’atelier de philosophie avec les enfants selon un protocole défini en annexe a, permettra notamment de prendre le temps de questionner le texte et d’observer ses effets sur nous tous. Cette pratique suit la logique des croisement interdisciplinaires des programmes 2016 qui défendent notamment la mise en place de l’atelier de philosophie pour développer la culture de l’échange et de la responsabilité, pour considérer l’enfant comme un sujet de droit, un sujet capable de penser par lui-même. C’est également une manière concrète d’organiser la citoyenneté au sein du groupe. De nombreuses compétences se croisent pendant ces temps de conversations telles que la maîtrise des langues, l’écoute de l’autre, le respect, l’approfondissement de thèmes au programme et la mise en transversalité avec d’autres activités, la structuration de la pensée individuelle et collective.
La mise en place d’une alternance entre une découverte de la pièce sous forme d’exercices de mise en voix et de mise en jeu et une pratique de l’atelier de philosophie sera une méthode pour pratiquer le texte, se l’approprier pour mieux l’examiner ensemble.