Ce moment du travail est un pont vers la dernière partie. À présent, les élèves ont appréhendé leur corps et leur voix dans l’espace, ont pris l’habitude de travailler ensemble, de s’écouter et d’improviser et sont plus en confiance. Il est temps de construire un peu plus le travail. Cette démarche s’amorce à partir de la séquence du « Q », p. 42, lorsqu’il est question de la vulgarité et de l’imaginaire qu’évoque cette lettre. L’idée est d’aborder la notion de registres de langue et de l’étendre à une étude de textes de théâtre plus large. Cette recherche peut s’accompagner de la séquence du « I » qui traite de la manière particulière dont parle leur père. Cela permet de mettre en lumière que la manière de parler d’un personnage indique certaines de ses caractéristiques et qu’il s’agit là d’un bon appui en vue d’une improvisation ou d’une mise en scène. Cette recherche s’articule en deux parties que vous pouvez agencer comme vous le souhaitez selon le groupe avec lequel vous travaillez.
D’un côté, vous pouvez sélectionner des textes d’auteur·rices qui ont travaillé à caractériser leurs personnages à travers le langage, ce dernier étant un vecteur pour identifier la classe sociale dont est issu le personnage. Un exemple très parlant est celui du Dom Juan de Molière et la séquence des paysans. Dans ce texte, chaque personnage, selon son rang, a une façon bien particulière de s’exprimer.
Par extension, pour les élèves plus âgé·es et afin de pousser l’étude de textes théâtraux si vous en avez le désir, il peut être intéressant d’aborder les tragédies classiques en alexandrins, écrites pour la cour et donc dans un registre de langue soutenu par opposition aux farces, jouées sur les marchés, pour le peuple et dont la langue est beaucoup plus familière, voire grossière. À la suite de ce constat, une recherche de vocabulaire autour d’un même mot et la recherche de ses synonymes dans d’autres registres peut s’enclencher, type : fesses/postérieur/séant, enfant/gosse/progéniture…
Une seconde possibilité est de proposer aux élèves de trouver un tic de langage, une manière particulière de parler : zozoter, avoir un accent, mettre des « a » à la place des autres voyelles… et leur proposer des situations dans lesquelles ils et elles devront parler de cette façon. Faire jouer ce personnage dans différentes situations est un exercice très drôle : à la pharmacie, arrêté pour vol, à son mariage etc.
Les déclinaisons peuvent ensuite être physiques : trouver une particularité physique comme sautiller, marcher sur un pied ou avoir la tête qui penche. Selon les élèves il faudra peut-être aiguiller certain·es dans leur recherche d’idées et leur faire des propositions, par exemple si vous avez un·e élève très à l’aise dans l’expression orale, lui proposer de jouer un personnage muet lui permettra de développer d’autres moyens de s’exprimer. Au cours de ces exercices, n’hésitez pas à introduire petit à petit la notion de face public, de quatrième mur, d’espaces bien définis : de quelle manière le signifier clairement pour le public etc.