Souvent en déplacement dans les établissements scolaires ou les centres d’accueil, les enfants ont une tendance naturelle à la dispersion. Par ailleurs, la stimulation intellectuelle, visuelle, le divertissement (récréations, intercours, grand nombre de personnes dans un même espace) déconcentrent les enfants.
Aussi il est important de consacrer un temps au repos et au recentrage. Pour un travail de mise en voix et mise en jeu ce travail de relaxation peut même s’avérer nécessaire.
Voici quelques propositions :
Debout ou assis, veillant à ce que chacun ait un espace suffisant, une main sur le ventre.
Consigne 1 : les yeux fermés, j’inspire, je gonfle mon ventre comme un ballon, j’expire, le ventre se creuse au maximum. Répéter au moins 3 fois puis ménager un temps d’exploration libre.
Consigne 2 : veillez à ce que l’air descende vers le ventre et non pas dans la poitrine. Montrer l’exemple de profil. Je prends soin du début de mon inspiration et de la fin de mon inspiration. Je prends soin du début de mon expiration et j’accompagne la fin de mon expiration. Laisser un temps d’exploration libre.
Consigne 3 : proposer de compter par exemple 3 secondes pour inspirer, 5 secondes pour expirer.
Reprendre des exercices d’étirement EPS.
Guider la respiration : mouvements ascendants en inspirant, mouvements descendants en expirant.
Le bâillement, excellent pour la détente du diaphragme (qu’on peut déclencher par des mouvements latéraux de la mâchoire ou en imaginant une balle de tennis au creux du palais) est à encourager vivement.
Le toucher : mise en pratique
Aujourd’hui il semble important que les enfants puissent se réconcilier avec leur corps. Paradoxalement, le corps surexposé (dans les médias, la publicité) est devenu tabou. On observe déjà chez les plus jeunes une volonté de le changer (norme de minceur, musculature, pilosité…), ou le masquer (maquillage, vêtements amples ou moulants…) mais pas nécessairement d’en prendre soin.
On pourra introduire la séance par un retour au texte : c’est du sens du toucher que sont privés les héros et qui leur manque tant « il me tarde de te toucher » dit Tyrse à sa mère p. 26. C’est un sens qui permet de reprendre contact avec les sensations de son propre corps et aussi d’entrer en contact avec l’autre (on pourra donner l’exemple de la salutation par la poignée de main ou la bise).
On pourra commencer par des auto-massages du visage et du crâne. Progressivement, en montrant l’exemple on invitera les enfants à se masser les mains, les bras etc.
Les massages entre élèves pourront être proposés sous forme de tapotements (dos, jambes).
Offrir une lecture à haute voix aux enfants de la séquence 5 par exemple. Rencontre charnelle entre Azou et Tyrse.
Les yeux fermés, les enfants / adolescents sont invités à être attentifs à des sensations kinésiques (ressentis corporels) ou des images qui leur viennent en tête. Exemple : comment voyez-vous les personnages ? Taille, âge, couleur des cheveux, des yeux, quels vêtements, sont-ils proches les uns des autre ? (stimuler l’imaginaire)
Les informer d’une mise en commun après l’expérience qui leur permettra d’évoquer les images perçues et les impliquera davantage dans l’expérience. Les différences de perception marqueront la liberté singulière d’interprétation qu’offre la littérature par rapport à d’autres arts comme le cinéma.
Pour pénétrer dans l’univers artistique de l’auteur, on pourra passer de la musique baroque pendant cette relaxation (cf. Environnement artistique de Dominique Paquet et de Son Parfum d’Avalanche - Questionnaire proustien).
Si vous disposez d’un espace tel qu’un gymnase ou une salle vide, n’hésitez pas à proposer une relaxation allongée. Après deux ou trois séances les élèves les plus réticents se laisseront porter par la détente de manière étonnante.
Avec une voix douce et posée, inviter l’élève à fermer les yeux, sentir son poids sur le sol, ses points de contact avec le sol. Des pieds à la tête, énumérer très lentement les parties du corps (orteils, talons, coups de pieds, chevilles et ainsi de suite…) en demandant aux élèves d’y placer leur attention (ou de la chaleur ou une couleur tel un peintre…). Ménager des temps de silence de plus en plus longs au fil des séances pourra vous permettre d’évaluer leur capacité à se détendre (moins de mouvements volontaires tels que se gratter, ouvrir les yeux pour regarder les autres, changer de positions…)
Ouïe : jeu de l’aveugle, écoute de musique classique en début de séance, isolations sonores.
Vue : étude de tableaux de grands maîtres : compositions, couleurs. Observation de l’environnement de l’établissement (ce qu’on voit par la fenêtre, croquis…), jeu des différences. Pour entrer dans l’univers de l’auteur, on préférera les primitifs flamands, les surréalistes, et l’architecture en général (cf. questionnaire proustien).
Toucher : jeu de l’aveugle, jeu du « kim » (reconnaissance tactile de matériaux divers)
Odorat / Goût : jeu du kim. Proposer de goûter et sentir à l’aveugle. Reconnaître les ingrédients qui composent une fragrance ou un plat. Dominique Paquet est sensible aux plats et aux parfums de la Grèce. Faire découvrir ces saveurs aux enfants peut les rapprocher de l’auteur qui nous semble parfois lointain. L’encens aussi (cf. Environnement artistique de Dominique Paquet et de Son Parfum d’Avalanche - Questionnaire proustien).