Marcher dans l’espace de jeu : chacun marche seul, se dessinant un parcours imaginaire personnel précis et en ayant conscience de la présence des autres. Chacun fait attention à l’équilibre du plateau (idée d’un radeau en équilibre sur un pivot : si tout le monde se trouve du même côté, tout s’effondre). Chacun marche en copiant son allure sur celle de ses camarades. Lorsque l’on croise le regard d’une autre personne, se mettre à la suivre discrètement, de près, de loin. Créer un lien imaginaire avec le regard.
Lorsque la personne qui est suivie le sent, elle s’arrête et se retourne. Une fois ce fait vérifié, elle reprend sa route, avec quelques vérifications : elle regarde derrière elle plusieurs fois.
Puis l’exercice se poursuit avec une personne qui décide de s’arrêter : c’est un signal pour chacun de s’arrêter également. Quand elle le souhaite, la personne repart après un regard porté à l’ensemble du groupe. C’est le signal pour tout le monde de repartir. Quand cette partie de l’exercice est maîtrisée, y ajouter le prénom. La personne qui arrête le groupe regarde, jette un œil à chacun et leur donne son prénom : « Je m’appelle Amazone. Amazone c’est jeune ».
Chacun y met la coloration de son choix (articulation, intensité, intention). Puis elle relance la marche en adoptant la démarche de son choix : rythme, vitesse, gestuelle) qui sera copiée par le groupe. Et ainsi de suite.
Renforcer la concentration du groupe et créer une cohésion, liée à l’écoute : le chœur. La mémoire est sollicitée et le jeu. Plaisir de jouer, d’être le maître du jeu.
Se répartir en duo et se placer dans cet espace de jeu. Aller au centre de l’arène et se regarder, se connecter ; on peut travailler le texte à la main.
On travaille la voix et la tension. L’un donne sa réplique, en articulant pour être audible de l’ensemble du groupe, juste pour faire entendre sa phrase. Je murmure ma phrase, et le partenaire donne la réplique en murmurant et ainsi de suite. S’amuser en variant l’intensité : cri, murmure, chuchotement pour explorer ce qui convient le mieux à la scène dans cet espace contraint.
Pour engager davantage le corps, et travailler l’adresse et l’intention de jeu, faire un pas vers le centre à chaque réplique et l’autre fait de même, pour finir presque collés l’un à l’autre. On peut ainsi explorer les distances et en mesurer l’effet sur le spectateur.
Ils explorent le plateau ensemble en travaillant la distance. Il est ainsi question de pousser la voix, de s’adresser à l’autre avec une intention précise et d’expérimenter l’intimité du duo d’une manière différente. L’élève-acteur ressentira différemment en lui le fait de déclarer ses sentiments en étant très près ou très loin et la réception sera différente pour l’autre comédien, et le public.
Voici quelques répliques qui peuvent être le support de cet exercice :
[(
– Ah non, tu ne vas pas recommencer avec ça !
– Mais … qu’est-ce que tu veux que je fasse d’une robe en fourrure de mammouth ?
– Tu ne peux pas dire « je t’aime » comme ça !
– se marier… et peut-être même avoir beaucoup d’enfants !
– Ni trois ni quatre, je n’ai pas de sentiments pour toi, je ne vais pas t’embrasser !
– Un mouvoir. Pas un torchon !
– Tu ne comprends rien. Va-t’en. Et laisse-moi languir tranquille.
– Je viens de te le dire ! Ici c’est là-bas, et là-bas c’est ici !
– Toi, t’aurais bien besoin qu’une fille t’embrase pour te remonter le moral.
– Il n’est que vous qui puissiez me rendre la joie ou m’apporter quelque soulagement.)]
Répartir les élèves en petits groupes qui formeront chacun un chœur : se rapprocher les uns des autres, avoir une proximité corporelle les uns avec les autres, pour être connectés et être ensemble dans les actions et la prise de parole.
Chaque chœur se place face à un autre chœur pour former un duo. Prendre le premier bris de discours, « Un “je t’aime“ n’arrive jamais seul ». Répartir ce premier extrait en trois parties (1. Début jusque Abélard : « Et dire “je t’aime“, ça sert à quoi ? » 2. De Amazone : « Je t’aime. » jusque Abélard : « Tais-toi maintenant ! » 3. De Amazone : « Mais, qu’est que j’ai dit ? Je n’ai rien dit, là ? » jusqu’à la fin de la scène.)
Pour mémoriser le texte rapidement : chaque chœur se place face à son chœur duo, à une distance raisonnable ; l’un est Amazone, l’autre est Abélard. Le professeur donne au premier sa réplique et la lui fait répéter en adresse à l’autre chœur. De la même manière, il/elle donne la deuxième réplique à l’autre chœur qui la répète en l’adressant au premier chœur. Puis chaque groupe redit ses répliques, la personne souffle s’il y a oubli ou inexactitude.
Pour entraîner le chœur à parler ensemble : trouver une proximité corporelle et une respiration commune : avant de dire la réplique, prendre une inspiration commune et dire la réplique lentement.
Donner un temps ensuite aux groupes pour trouver une énergie, une intention, dans ce face à face entre Amazone et Abélard. S’entraîner et répéter. Quand un chœur parle, il peut avancer d’un pas vers l’autre ; on peut varier les intentions, les émotions et installer des silences, une tension dans cet échange.
Puis chaque groupe montre le résultat de cette exploration de l’extrait.
Même principe à développer avec le bris de discours « Qui s’y frotte se prend les pieds dans le tapis » (page 41), en travaillant les stichomythies, avec une émotion singulière qui s’installe entre chaque surnom hypocoristique choisi. Travailler le murmure, la sensualité, le rire, la douceur, la tendresse….
On peut adopter le même principe avec le bris de discours « À cœur jaloux, rien d’impossible. » en abordant l’émotion ressentie et exprimée par Amazone : la colère qui monte et explose dans son avant-dernière réplique, page 57.
Aborder le travail sur l’expression des émotions. S’engager dans un dialogue qui révèle l’intimité, être à l’écoute et savoir répondre. Renforcer le chœur.
Synthèse et bilan : Interroger les élèves sur les questions qu’ils se sont posées lors de la réalisation de ce projet, ce qui fonctionne ou non, leurs ressentis etc.