Se placer en arc de cercle avec à la main la tirade d’Amazone page 57. Ensemble, en chœur, prendre une inspiration commune et lire la tirade d’une seule voix, en articulant et en projetant.
Puis chacun lit une phrase et passe la main à son voisin : respecter la ponctuation, projeter la voix et garder la même intensité.
Puis chacun son tour, l’un après l’autre, se lancer dans la lecture en prenant une inspiration et lire la tirade en ne s’arrêtant qu’à la fin de l’expiration, quasiment à bout de souffle même si c’est en plein milieu d’un mot ou d’une phrase.
Placer une chaise au plateau : l’un des participants s’y installe, les pieds bien ancrés dans le sol et les fesses au bord de l’assise, dans une tension du corps. Il choisit une phrase, une réplique du texte qu’il apprécie. Il se la dit à l’intérieur comme pour la mémoriser. Puis il la timbre et la répète comme une litanie. Il enchaîne cette réplique sans s’arrêter, en boucle en gardant la même intensité, et avec neutralité.
Le meneur de jeu lui propose ensuite des émotions, des intentions de jeu avec des variations d’intensité et de rythme.
Travail sur l’intériorisation d’émotions qui se traduisent d’abord par la voix et peuvent gagner ensuite le corps.
Se placer en cercle et chacun·e choisit un extrait de son choix, et, livre à la main, lit la scène intérieurement sans tenir compte des prises de parole différentes. Quand le premier élève prend la parole, il prend une inspiration et se lance dans la lecture, en attaquant les consonnes, en ouvrant les voyelles, et en projetant la voix et ce, sans reprendre sa respiration. Chaque mot prononcé engage le corps et libère l’énergie.
Se placer en quinconce sur deux lignes face à face. La première personne reçoit une phrase de l’extrait n°1 et va la dire avec une intention précise à son voisin placé sur la ligne qui lui fait face. Ce dernier reçoit la proposition qu’il s’empresse de rapporter à son voisin d’en face : il amplifie cette première proposition et ainsi de suite avec le voisin suivant.
Prendre le temps de recevoir puis de donner.
Introduire la notion d’intention et d’émotion. Installer un échange plus vif, la gradation et le plaisir de jouer. Improvisation dans le jeu, lâcher prise et toujours accepter ce qui est donné.
Extrait n°1 (collage de différentes répliques de la pièce)
[(
– Mais qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai rien dit, là ?
– Tais-toi maintenant !
– C’est même pas vrai.
– Arrête ! Arrête avec ça.
– Et dire « je t’aime », ça sert à quoi ?
– Parce que je ne te connais pas.
– Je t’aime.
– Encore ?
– Pourquoi tu me dis « je t’aime » ?
– je ne t’aime plus.
– Tu fais croire que, mais tu ne sais rien.
– Promis. Je me tais. Motus.
– On n’est pas dans un conte de fées.
– Tu pleures ? Fais gaffe, tu vas mouiller ta feuille.)]
Délimiter clairement l’espace de la scène avec des objets. Signaler une entrée, une sortie et désigner le lointain, le quatrième mur, les coulisses.
Faire d’abord une entrée et une sortie au plateau : être neutre, être une page blanche. Entrer sur scène, se diriger vers le centre et s’arrêter. Poser le regard au-delà du quatrième mur, sur le lointain. Attendre quelques instants et partir. Soigner la sortie. Solliciter l’avis des participants spectateurs : leur demander ce qu’ils ont vu, quelle histoire ce passage au plateau raconte.
Quand tout le monde a réalisé ce premier exercice, donner à chacun une phrase de l’extrait n°2, à mémoriser rapidement. Reprendre l’exercice avec la même consigne et lorsque la personne se trouve seule face au quatrième mur, elle dit sa phrase. Ne pas y mettre d’intention précise, laisser venir ; si la phrase n’est pas exactement identique à ce qui est écrit, ou si un trou de mémoire surgit, assumer l’erreur, l’hésitation… L’adresse vers le quatrième mur reste identique avec la neutralité du corps.
Aiguiser son regard de spectateur, travailler en conscience le corps, son déplacement, sa vitesse, son rythme propre : de la neutralité à la création du personnage. Aborder la notion d’espace avec la création d’un hors-champ.
Extrait n°2 (collage de différentes répliques de la pièce)
[(
– Quand on dit « je t’aime » au début, on ne sait plus quoi dire à la fin.
– Tu ne peux pas dire « je t’aime », comme ça !
– On ne se connaît même pas.
– Mais, qu’est-ce que j’ai dit ? Je n’ai rien dit, là ?
– Et pourquoi tu ne veux pas me dire « bonjour » ?
– Ah non, je n’aime pas le silence. Le silence, c’est pour les vieux amoureux.
– Si tu m’attends ici, c’est pour m’embrasser.
– Pourquoi tu parles de sentiments ? Tout est compliqué avec toi !
– Tu ne devrais pas, ça fait grossir.
– Toi, t’aurais bien besoin qu’une fille t’embrasse pour te remonter le moral.
– Quoi ? vous allez vous aimer toute la vie jusqu’à l’éternité ?
– Avant, on fait l’amour. Pour voir si ça vaut le coupe de foudre.
– Tu fais le malin mais si ton stock d’amour descend plus vite que prévu ?)]
Puis disposer une chaise au centre de la scène. Faire une entrée au plateau, toujours en étant le plus neutre possible. Dès que la personne voit la chaise, elle s’y installe et pose le regard sur le lointain. Puis, elle se lève et part.
Quand tout le monde a réalisé ce premier exercice, former des duos. Reprendre l’exercice avec la même consigne et lorsque la personne est installée sur la chaise et attend, une autre personne fait son entrée, visage neutre. Dès qu’elle voit la personne installée, elle se dirige vers elle, se place sur le côté de la chaise et légèrement en arrière de celle-ci. Les deux regardent au loin, dans la direction que l’une a initié. Après un temps, ils prennent le temps de se regarder. Puis chacune regarde au loin à nouveau.
Enfin, la personne assise se lève et part, se retourne une dernière fois avant de quitter la scène : elle lance un dernier regard à l’autre et sort. Puis la deuxième personne prend la place de la première et ainsi de suite. Tout se passe lentement. Laisser émerger ce qui naît de cette rencontre.
Quand tout le monde a réalisé cette première partie de l’exercice, donner à chaque duo deux répliques de l’extrait n°3, à mémoriser rapidement. Une personne entre au plateau et va s’installer sur la chaise ; elle fixe alors son regard vers le lointain, face public. La seconde personne entre et va se placer derrière elle dès qu’elle l’aperçoit. Elle fixe également le lointain, face public. Quand l’une des deux personnes le décide, elle regarde son partenaire et donne sa réplique en le regardant ou pas. L’autre reçoit cette réplique et y répond comme il l’entend. Les duos peuvent jouer avec les silences à installer, ils peuvent accélérer le rythme, faire fuser les répliques, s’amuser à varier l’intensité de la prise de parole et se répéter...
Aborder la question du regard et de l’interaction, du jeu avec l’autre. Créer son personnage. Comprendre l’impact de la parole sur l’un et l’autre. Maîtrise du corps avant d’introduire la voix, comprendre l’importance du corps avant la parole, de l’espace et du regard. Avoir conscience de l’espace de jeu, ajuster sa présence. Jouer avec l’autre.
Extrait n°3 (collage de différentes répliques de la pièce)
[(
– Je t’aime.
– On ne se connaît même pas.
– Je t’aime.
– Encore ? Pourquoi me dis « je t’aime » ?
– Je t’aime.
– C’est même pas vrai.
– Si je te donne mon dessert, tu m’embrasses ?
– Non
– L’amour, si tu le donnes un jour, tu le donnes toujours. A la vie, à la mort !
– Quelle horreur !
– Qu’est-ce que tu fais ?
– Je commande un amoureux.
– Dis-moi… Si j’étais dans le catalogue, tu me choisirais ?
– Quoi ?
– Et là, bam, t’as mal et tu pleures !
– Tu prends tout à la rigolade…
– Qu’est-ce que tu fais ?
– J’attends.
– « Mon chéri ».
– « Ma Tendresse ».
– Si quelqu’un passe, tu me prends la main.
– Pourquoi ?
– Au temps des chevaliers, les hommes embrassaient les dames comme ça.
– Tu te prends pour un chevalier, Abélard ?
– Oui. L’un des deux est peut-être mieux.
– Mais on ne peut pas dire lequel.
– Regarde sa peau. Comme elles l’air fine, douce, claire.
– La Reine des neiges… En pire !
– Tu me regardes.
– Non.
– Qu’est-ce que tu dirais si je te disais que j’ai trouvé un amoureux ?
– Je te dirais que tu mens assez mal.)]
Un duo au plateau avec une chaise par exemple, objet de leur convoitise. Pousser l’autre à s’asseoir ou lui faire croire que l’on va s’asseoir, un peu comme au jeu du chat et de la souris.
Donner une intention, une couleur, une émotion à chacun, toujours en opposition.
Une personne est autoritaire et l’autre douce. Plus elle est douce, plus la colère de l’autre explose. Imposer une colère explosive, puis rentrée ; imposer une douceur bienveillante, puis autoritaire.
Un duo au plateau dans une grande proximité, sur un banc par exemple. Accessoires pour se cacher, genre éventail, feuille de papier, feuillage, rideau...
Lui veut impérativement voir l’autre quand l’autre veut impérativement se cacher.
Adopter le ton d’une conversation quotidienne pour l’un et l’autre aborde son rôle sur le ton de la confidence.
A. Exercice collectif pour créer et habiter ce lieu où Abélard rencontre Amazone pour la première fois, lancer les élèves dans une phase d’improvisation : inventer le lieu, leur donner une idée de comment faire ? Mettre en place la rencontre des deux jeunes gens dans cet espace créé.
Travailler en plusieurs groupes : des réflexions et propositions menées naîtra un échange collectif qui permettra à chaque groupe de justifier ses choix par une argumentation précise.
Le projet peut leur demander un temps de réflexion avec un travail à la table si nécessaire avec des croquis à réaliser. Les élèves peuvent aussi se lancer dans une exploration directe au plateau.
Rappel : la pièce s’ouvre sur la rencontre des deux personnages, sans sur le lieu de cette fable, ce qui laisse une très grande liberté de travail.
C’est l’arrivée surprise d’Amazone qui lance la pièce et projette notre duo dans une conversation. Cette première prise de parole bouleverse Abélard et l’oblige à s’intéresser à l’autre, à celle qui lui parle et le déstabilise, le détourne de ce qu’il avait prévu de faire.
Toute la pièce repose sur la prise de parole et la joute verbale. il est important de faire comprendre aux élèves qu’au plateau cela doit être retranscrit.
Consigne : proposer un choix d’espace scénique pour jouer la pièce qui met en scène cette parole sensible entre deux jeunes ados soit par une réflexion à la table, soit par une improvisation. Jouer la scène de votre choix, un extrait de scène de votre choix.
B. Pour aider les élèves dans la création du lieu : une cour de récré, un parc urbain, un arrêt de bus, une fête avec la possibilité d’utiliser la totalité du groupe pour créer une situation concrète et précise.
Travailler ensuite sur l’attitude physique, l’énergie de ces deux personnages, leur démarche, avant de les faire parler.
Exemples possibles de choix de mise en espace pour développer la mise en scène
> L’espace de jeu est clairement délimité (coulisses et scène, public…). Les élèves se répartissent par petits groupes dans les coulisses, à des endroits différents. L’espace de jeu représente une cour de récréation. Dès que la sonnerie retentit, les élèves sortent des classes - c’est-à-dire entrent au plateau - en cour de récréation. Ce lieu est connu de tous et chacun y a ses habitudes. Être le plus naturel possible, faire vrai dans cet espace de vie. Cris, vitesse des déplacements, attroupement, activités... On sort et on se dirige vers l’endroit que l’on veut avec détermination : l’objectif de chacun est précis sur ce temps de récréation. Idée aussi d’un chahut ; courses, cris, bousculade, usage du téléphone... Faire vivre ce lieu de manière réaliste sans rien mimer. Des conversations peuvent s’engager, de la musique peut sortir des portables, des élèves peuvent s’asseoir dans un coin… L’espace est vide et il existe de manière symbolique par l’activité de chacun, le son et le regard porté sur l’espace.
On peut imaginer que la rencontre se réalise sur le banc de la cour de récréation, face au public, avec un arrêt immédiat de tout ce qui se passe en dehors de leur rencontre, comme une cristallisation. Ainsi l’attention du spectateur se focalise sur le duo qui s’est formé.
Le plateau est vide et peu d’accessoires sont à leur disposition, à l’exception d’un banc ou de quelques chaises dans la cour, face public, au bord de scène.
> Autre possibilité d’espace de rencontre, la soirée festive entre jeunes. Idée d’une scène transformée en dancefloor avec une musique entraînante et forte. Se lancer dans une petite improvisation dansée : la musique entraîne les élèves, chacun se laisse aller à danser n’importe comment, pour soi, l’idée est de se déchaîne sur la musique sans penser aux autres, sans penser à bien danser, juste pour le plaisir et s’amuser. Des élèves peuvent être en train de consulter leur portable, d’autres filment la danse, quand d’autres tentent de discuter ou encore sont immobiles et font tapisserie.
On peut aussi proposer de dévoiler le théâtre en train de se jouer et assumer tous les changements à vue. Délimiter l’espace de jeu et créer un espace central très clair (par un cercle de craie par exemple), lieu de la joute verbale. Cet espace ainsi délimité en devient l’arène. Disposer des chaises autour où seront assis tous les élèves dans l’attente de jouer. Comme les rôles ont pu être travaillés indépendamment du genre du personnage, les duos peuvent se créer au fil du travail du texte. Il suffira d’adopter une convention pour que le spectateur reconnaisse Amazone et Abélard.
Solliciter les élèves pour dresser un bilan personnel de ces exercices, échanger sur l’intérêt à les pratiquer.