Et puis, quand on parle de la mort, il faut rester grave. « THE DEATH IS NOT A JOKE SUBJECT. » (p. 34) rappelle la directrice quand elle voit les élèves – et les parents - être de plus en plus intéressé·es par le sujet. Qu’on ne vienne pas à en rire ou à le célébrer comme une chose légère et anodine ! L’imaginaire des morts des enfants de la pièce est doux, poétique et apaisé. On est loin des morts-vivants des séries et films d’adultes :
PAMÉLA.– C’est parce que les adultes flippent, a répondu Adèle, t’as qu’à voir leurs séries. Des morts veulent les butter !! Ils courent après eux avec des haches ! Ma mère n’est pas une morte comme ça. […] » (p. 24)
L’enseignant·e pourra proposer aux élèves de chercher des représentations négatives des mort·es, issues de la littérature, du cinéma ou des jeux vidéo. Vampires, zombies, fantômes peuplent l’imaginaire populaire, renvoyant à une image effrayante de la mort. Souvent ancrés dans un rapport moral opposant mort et vie, ces monstres traduisent souvent une peur sociétale de ce qui vient après le décès et ce que nous devenons. Les enfants de la pièce n’ont pas peur des mort·es, iels les savent bienfaisant·es, ne serait-ce que parce que de leur vivant, iels l’étaient et ça, la mort n’y changera rien.
Très vite, les enfants se mettent à rêver à l’organisation d’une fête des morts. « Pour les vivants, il y a la kermesse, et pour les morts, il y a la Toussaint ! » réplique la directrice de l’école (p. 12). L’enseignant·e pourra demander aux élèves de rechercher les origines de la Toussaint, à quoi elle correspond et comment elle est célébrée en France. De la même manière, elle pourra proposer une recherche sur les différentes célébrations de la mort et des mort·es dans d’autres cultures à travers le globe à partir de la liste (non exhaustive) qui suit :
– El día de los muertos (Le jour des morts), au Mexique ;
– Qīngmíng jié, en Chine ;
– Zhongyuanjie (La fête des fantômes), en Chine également ;
– Gai Jatra, au Népal ;
– Chuseok, en Corée ;
– Samain, en Irlande ;
– Famadihan (Le retournement des morts), à Madagascar.
L’enseignant·e pourra proposer une série d’exposés réalisés par les élèves – en complicité peut-être avec un·e professeur·e de géographie – autour de ces différentes fêtes
Il n’y a finalement pas de fête à l’école, mais on assiste à l’apaisement du lien entre mort·es et vivant·es : Madame Saumon, allégée de sa culpabilité, puisqu’elle n’a pas vraiment provoqué la mort de son amie Mireille, se réjouit de pouvoir communiquer avec elle (p. 37). Mais c’est surtout la maîtresse d’école, qui a perdu son fils, qui reçoit des enfants la plus belle leçon d’apaisement. Les élèves décident d’exprimer leur empathie à leur professeure, en passant encore une fois par l’écrit :
PAMÉLA.– Mousse a respiré un grand coup. Il est allé vers le tableau. Il a regardé la maîtresse, et avec la craie, lentement, il a écrit : ON PEUT PLEURER ENSEMBLE SI VOUS VOULEZ (p. 41)
En étudiant plus précisément la scène 21, l’enseignant·e pourra interroger les élèves sur l’action de celle-ci : quel geste fait Mustafa pour aider la maîtresse ? Pourquoi choisit-il d’écrire plutôt que de dire ? En quoi ce geste reconnecte-t-il enfants et adultes ? L’enseignant·e pourra également proposer un exercice d’écriture consistant à raconter la vie de la maîtresse : qu’est-il arrivé à son fils ? Et comment a-t-elle tenu jusqu’ici face au chagrin ? Mais également, que va-t-il se passer désormais pour elle ?
PAMÉLA.– La maîtresse a été remplacée par monsieur Vidal jusqu’aux vacances d’automne. (p. 42)
Où est-elle partie ? Que fait-elle ? Comment va-t-elle ? Autant de sujets qui peuvent faire l’objet d’une discussion ou d’une rédaction en classe autour de la guérison et de l’apaisement du deuil.
Un autre évènement se produit à la fin de la pièce, un autre rétablissement de dialogue :
MUSTAFA.– En mars, tu es venue avec moi au cimetière. On a posé une boîte à camembert sur la tombe de mon père, avec un gâteau et des bougies pour son anniversaire. (p. 42)
Mustafa s’adresse pour la première fois directement à Paméla en utilisant le « tu ». L’enseignant·e pourra interroger les élèves sur la raison de ce changement mais aussi sur l’effet produit sur le ou la lecteur·rice. Pour terminer, l’enseignant·e pourra proposer à la classe de réfléchir ensemble, et pourquoi pas d’écrire la suite de l’histoire : que vont devenir les personnages après l’apaisement ?