Les différents personnages n’auront alors de cesse de chercher des choses qui les relient à ce grand-père absent, qui dit d’ailleurs, alors qu’il est un fantôme : « Je suis attaché à cette famille » (p. 49). Si Jacques est décédé, il n’a pour autant pas totalement disparu pour sa famille, il existe encore auprès d’elle sous forme de souvenirs qui jalonnent la pièce.
(Se) souvenir est à la fois un verbe et un nom. Le même mot désigne à la fois l’action de se remémorer des choses passées et des objets qui témoignent de ce passé. Le texte de Sabine Revillet joue sur ces deux aspects. D’une part, dans la scène 6 (pp. 15-17) par exemple, les personnages sont face à la dépouille de Jacques et se rappellent les moments passés avec lui, les choses qu’il aimait, sa manière d’être et même « une scène que [Garance] aimerai[t] revivre » (p. 16). D’autre part, Jérémy dit que sa mère « a conservé tous les flacons de parfum de papi dans l’armoire de la salle de bain » (p. 31).
La question du rapport sensible aux objets et aux personnes est importante au théâtre : on ne regarde pas de la même manière la photo d’une personne que l’on ne connaît pas et celle de quelqu’un de sa famille. Il peut être intéressant de travailler là-dessus avec les élèves, en leur proposant par exemple de venir parler d’un objet qui leur est cher pour une raison ou une autre (lien avec un souvenir particulier, une personne, un lieu, etc.). Le fait, cette fois-ci, de travailler à l’oral, et non à l’écrit, permet d’aborder petit-à-petit le passage au plateau, et, en apportant cet objet, d’expérimenter un rapport concret à celui-ci.
Comprendre ce rapport aux objets est assez essentiel pour comprendre ce texte : c’est parce qu’ils sont en quête de ces souvenirs que les personnages agissent. Pour pallier l’absence de Jacques, ils ont besoin de s’appuyer sur des choses concrètes, tangibles. Ces souvenirs sont donc au cœur de la dramaturgie de la pièce.