Aux problèmes que pose le fait qu’il s’agisse d’un robot, s’ajoutent ceux causés par son extrême ressemblance avec un humain. Pour Damien en effet, il semble plus acceptable de « remplacer le chat par un robot-chat » (p. 24). Même s’il se défend ensuite en affirmant qu’il s’agit d’une plaisanterie, on sent bien que quelque chose se joue ici : un robot-chat nous ressemble moins qu’un robot humanoïde. De fait, plus tard dans la pièce Damien fait référence à Masahiro Mori, grand concepteur de robots, qui affirme que « plus un robot nous ressemble, plus il est effrayant » (p. 45).
Le trouble est illustré par la manière dont les autres personnages le perçoivent : il est traité à la fois comme un simple objet (on le programme, il sert de machine, d’électroménager), et comme le grand-père disparu (Angie joue avec lui à ni oui ni non). À la toute fin de la pièce, il est même un membre à part entière de la famille : Angie a « mis des chips dans sa poche. Et aussi de l’eau de Cologne sur sa veste » (p. 57), comme pour mieux rendre hommage à celui qui, désormais, va également lui manquer.
Il faut dire que ce robot semble désormais touché par des émotions : « Est-ce que j’éprouve quelque chose ? Parfois, il me semble, oui. […] Les objets ont une âme. » (p. 54). En retrouvant son statut de robot, il semble paradoxalement s’en extirper et faire sa place au côté des autres personnages, auprès de qui il a vécu des moments auxquels il donne le nom de « bonheur » (p. 57).
C’est ici l’occasion de reprendre le travail d’écriture commencé avec les élèves. Il s’agissait tout d’abord d’exprimer le trouble provoqué par les différences entre humain·es et robot. Iels peuvent maintenant explorer le trouble que cause leurs ressemblances, et le fait qu’ils aient, peut-être, une âme.