Certaines scènes du texte qui abordent et verbalisent le sentiment amoureux sont certainement plus sensibles à mettre en jeu que si nous les explorons avec les jeunes par le prisme de la mise en voix et en espace. Si la part physique est moins exposée qu’en jeu, cela peut protéger certaines sensibilités, craintes ou gênes, ce qui est à prendre en compte quand on travaille sur ce type de sujet avec des adolescent·es.
L’enjeu serait ici de pointer une fois encore le second degré et la truculence des dialogues, on abordera concrètement la confrontation à l’interprétation dans la prise en charge d’une parole artistique : l’occasion de rappeler que ce n’est pas « notre » parole qui est en jeu mais que l’on porte la parole d’un auteur, l’occasion de souligner également que l’on est un autre quand on est sur scène.
Prenons par exemple un extrait de la scène 3, p. 34 à partir de la réplique :
ANDRIS.- C’est bon. T’es amoureuse c’est ça ?
Faire 3 groupes de 4 ou 5 élèves. Un groupe de Lucienne, un groupe de Gaspard et un groupe d’Andris. Sur scène, texte en main, explorer comment la parole de chaque personnage peut être prise en charge par un des membres du groupe, en duo ou en chœur, suivant les répliques. Ne pas hésiter à alterner à l’intérieur même d’une réplique, changer de lecteur·rice-joueur·se à un point, une virgule. Il peut peut-être se dessiner des « caractères » ou des intentions, suivant celui ou celle de cette multiplicité du même personnage qui prend la parole. Faire des essais pour augmenter le lyrisme de Lucienne, la gêne de Gaspard, l’innocence d’Andris…
Les groupes de personnages ne peuvent pas se désolidariser sur scène, essayer dans l’espace des possibilités de déplacements simples :
Y a-t-il des répliques qui ont plus de force si elles sont dites plus près ou plus loin physiquement de l’autre groupe de personnage ? Un groupe de comédien·nes peut entourer un autre groupe de comédien·nes ? Le groupe Andris se positionne-t-il entre les deux autres ou sur un côté comme en regard ?
Dans ces essais, attention de ne pas oublier les spectateurs. Où se pose le regard des groupes ? Entre eux, face public… ?