Il ne s’agit pas ici de rechercher un quelconque aboutissement dans la mise en voix ou la mise en jeu de la pièce. Tous les essais, toutes les expériences sur des fragments de texte seront constructives pour l’exploration, l’imprégnation du texte, sans devenir une charge trop lourde pour les élèves. Il faut conserver le sens du « jeu » dans tous les sens du terme.
L’adresse à un public
En ne perdant pas de vue l’adresse au spectateur, lire en alternant la vitesse d’élocution. En particulier un passage en stichomythie. Par binôme, faire des essais sur quelques phrases, pas plus d’une dizaine, prélevées dans la scène p. 21 à 26 par exemple. Lire à la vitesse qui semble appropriée, puis plus vite, puis très vite. Puis en expérimentant le silence : lire trop lentement, en laissant un long temps entre les répliques, en faisant un silence au milieu de sa réplique, au milieu d’un mot. Il faut engager les élèves à se défaire du sens dans cet exercice, pour pétrir et jouer avec les mots et ressentir ce que proposent les silences, même artificiels, au lecteur comme à l’auditeur.
Pour une mise en voix au pupitre et afin de ressentir ce que l’espace peut accentuer, gêner ou donner à lire on travaillera à la notion de chœur. On peut proposer à dix élèves, sur un extrait entre la page 16 et la page 20 de se répartir comme suit :
Le texte de Voix de la mère et Voix du père sont à répartir et travailler en chœur (parler par 2, par 4 ou en fractionnant la phrase). Une mise en voix peut se faire derrière des pupitres en plaçant les personnages des parents au fond de scène, face spectateurs à cour et jardin, en laissant le centre libre. Au centre se tiendra la Voix de Livère. Le récit de Moi sera donné à un pupitre, cour ou jardin, avant-scène. Faire des essais et évaluer à partir de la réplique page 19 :
Voix de Livère.- Et toi ? Ho ! Oui, toi !
Les voix des parents en chœur vont donner une certaine couleur, soutenir les élèves lecteurs et accentuer la solitude de la voix de Livère ou de Moi. De la même manière, on essaiera sur un autre extrait de texte, le même type de travail avec un autre groupe d’élèves.
Pour explorer des registres de jeu et travailler les émotions
On donnera à deux élèves (fille ou garçon indifféremment) une dizaine de répliques de la scène pages 13 à 15 à apprendre. Pour une classe entière, cinq groupes de deux élèves environ recevront une des trois parties ainsi découpées de cette scène.
Pour jouer cet extrait, donner aux élèves une intention de jeu pour chaque personnage, et varier. Par exemple : jouer les phrases de Livère en étant las(se), en colère, surexcité(e), en rigolant, jouer les phrases de Moi avec inquiétude, étonnement, en étant fermé(e), etc. Veiller à ce que les élèves respectent bien la consigne pour chaque réplique. Au fur et à mesure des groupes, varier les « rencontres » d’émotions et faire retour ensemble de ce que cela nous raconte, change, met en jeu. Pour les registres de jeu, on peut travailler les « comme si » : jouer son extrait « comme si » c’était une tragédie, une comédie, une farce ; évaluer ce qui doit changer dans l’interprétation ou l’intention pour l’interprète.