Quels sont vos auteurs préférés ?
Les auteurs contemporains : théâtre, roman, littérature jeunesse. Qu’est ce qui s’écrit aujourd’hui sur notre monde ? Et comment ça s’écrit ? C’est ça qui m’intéresse. Les romans de Sorj Chalandon, Jérôme Ferrari et Michel Houellebecq, Réparer les vivants de Maylis de Kerangal… Mais aussi des romans plus feel good comme La tresse de Lætitia Colombani, des polars…
Au théâtre il y a Tchekhov, Shakespeare et Racine pour les classiques, Sylvain Levey, Philippe Dorin, Suzanne Lebeau et tellement d’autres ! Mon coup de cœur de cette année est Le Fils de Marine Bachelot Nguyen
Et en littérature jeunesse : Lettres d’amour de 0 à 10 ans de Susie Morgenstern, Mon petit cœur imbécile de Xavier-Laurent Petit, et bien sûr Marie-Aude Murail…
Beaucoup d’œuvres aujourd’hui donnent l’impression d’une errance. On suit agréablement ce qui se passe mais l’enjeu du ou des personnages n’est pas clair.
Je préfère quand le fil dramatique est tendu, qu’on ait envie de savoir où ça va. C’est la gestion de l’enjeu qui, selon moi, crée la puissance d’une œuvre.
Et si la langue est poétique, c’est encore mieux.
Vos héros et héroïnes de fiction ?
Je suis admirative des gens – et surtout des femmes – qui arrivent à tracer leur route sans se soucier de leur origine, âge ou milieu, sans s’encombrer de culpabilités, complexes ou autres entraves psychologiques souvent infondées.
Dans la fiction, il y a les personnages de Nos étoiles contraires de John Green, celles de Les Heures de Michael Cunningham, de La Couleur des sentiments de Kathryn Stockett, ou celles des Figures de l’ombre, le film de Theodore Melfi, ceux de Seul dans Berlin de Hans Fallada…
Ce sont des personnages qui arrivent à dire « non » à ce que l’on attend d’eux par principe, pour imposer leur propre nécessité.
Quelle musique écoutez-vous ?
Je n’écoute pas beaucoup de musique. Je préfère le silence. Mais quand j’en écoute, j’aime la pop, pop rock ou la chanson à texte. J’aime le classique quand je travaille, si j’ai besoin de faire le vide (sinon, je travaille dans le silence).
Et bien sûr tout ce qui se danse quand il s’agit de faire la fête !!!
Quels sont vos peintres, plasticiens/œuvres visuelles ou tableaux préférés ?
Dans les classiques, j’aime Klimt pour la couleur, Kandinsky pour la forme, Degas pour la délicatesse, Chagall pour la sensualité, Otto Dix pour la douleur. J’aime les impressionnistes, le mouvement du Bauhaus en général, l’Art déco… Plutôt XXe siècle quoi !
Je ne m’y connais pas vraiment en art plastique et visuel, et encore moins en contemporain. Mais j’aime, j’aime vraiment que quelqu’un qui s’y connaît m’emmène et me fasse découvrir.
Qu’aimez-vous voir sur scène ou au cinéma ?
Comme en littérature, j’aime être émue. Il n’y a pas de règles. J’aime être déplacée dans ce que je crois être ou penser, être surprise, découvrir des contextes, des points de vue.
Au théâtre, j’aime le travail de la Royal Shakespeare Company : tout repose sur les acteurs, leur jeu est très contemporain. Les décors ne sont souvent pas réalistes, mais des provocateurs d’imaginaires pour le spectateur. Olivier Letellier travaille beaucoup comme ça, c’est pourquoi j’aime écrire pour lui.
Au cinéma, j’aime la photographie, le traitement de l’image. L’œil de Guy Ritchie par exemple – même si ses scénarios m’intéressent moins.
J’aime le cinéma de Ken Loach : social et très humain. Comme celui des frères Dardenne.
Mon film préféré reste It’s All About Love de Thomas Vinterberg.
Quelles œuvres ont eu une grande influence sur votre vie ?
Ce sont les gens et la vie, plus que les œuvres, qui m’influencent.
Mais c’est vrai que parfois, on lit ou on voit un truc et qu’on se dit : « Ah ! On peut faire ça ! Aller jusque-là ! » Dans les œuvres, c’est la forme, davantage que le fond, qui peut m’influencer.
Comme celle de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal, par exemple.
L’endroit où vous écrivez habituellement ?
Dans mon lit. Habillée, apprêtée, mais dans mon lit. Parce que quand j’écris, j’ai froid. J’ai besoin de ma couette, de ma tasse de thé, de tous mes livres et mes cahiers autour de moi. Même quand je suis en déplacement, à l’hôtel, j’écris au lit.
Mais bien sûr, j’écris aussi énormément dans les trains, les avions, les salles d’embarquement, les cafés, les restaurants…
L’espace importe peu, finalement. C’est une histoire de préférence, mais pas de nécessité. Ce qui compte, c’est la bulle qu’il faut arriver à fermer. S’il y a du bruit autour de moi, je peux écouter la « Sonate au Clair de lune » de Beethoven, en boucle pendant plusieurs heures… Ça m’aide juste à faire le vide.
L’endroit où vous avez écrit ce texte en particulier ?
Partout. C’est un texte sur lequel j’ai passé beaucoup de temps, que j’ai beaucoup repris… Je l’ai longtemps porté dans ma tête aussi, pas seulement sur le papier. Écrire, ce n’est pas que poser des mots sur le papier ou sur l’écran. Le plus gros du travail, c’est la rêverie constante, la place que ça prend dans la tête.