Les différents types de comique
Les Discours de Rosemarie, comme un grand nombre de pièces de théâtre, repose sur différents types de comique. Il s’agit pour les élèves d’apprendre leurs caractéristiques, de savoir les reconnaître et donner un exemple :
- Le comique de mots qui exploite les ressources du langage (jeu de mots, calembour, jargon et charabia, déformation, dialectes, répétitions…). Dans la pièce de Dominique Richard, le comique de mots est présent essentiellement grâce à la langue inventée par Rosemarie et Hubert ;
- Le comique de geste qui provient de la mise en scène à travers le jeu des acteurs (chutes, coups de bâton, bagarre…). Dans le tableau « Triomphe modeste » (p. 72), Rosemarie (qui ne semble pas avoir le triomphe modeste) exprime sa joie à travers des phrases sans verbe qui exploitent le champ lexical du bonheur et de la gaieté. Il est facile d’imaginer qu’à cette occasion l’actrice se livre à une petite « danse de la victoire » un peu ridicule qui provoque le rire chez les spectateurs ;
- Le comique de situation utilise les rencontres fortuites, les quiproquos, les malentendus. Ici, il s’agit de l’apparition, dans la campagne, d’un troisième candidat surnommé Triste Short qui est présenté à travers les propos de Rosemarie comme un antihéros (peu éloquent, maladroit, mal habillé, mauvais élève, atteint d’un strabisme…) ;
- Le comique de caractère repose sur les défauts des personnages. Cela peut se trouver dans l’ambition de Rosemarie prête à tout comme répandre de fausses rumeurs et recourir à la méchanceté pour diminuer son adversaire. Toutefois, les dernières répliques du personnage laissent entendre qu’elle s’est laissée emporter par son enthousiasme et que pour elle la politique consiste essentiellement à « défendre les autres, les protéger » (p. 86).
Il s’agit aussi de relever les procédés de lecture au second degré mis en place par l’auteur et l’illustrateur : qu’est-ce qui relève du pastiche, de la satire, de la parodie ? Quels en sont les caractéristiques et le but ? Les élèves auront à les identifier et à expliquer comment ils peuvent se décliner et s’exprimer sur une scène de théâtre (dimension auditive, dimension visuelle…).
La langue codée
À partir du tableau « Animal politique » (p. 33), la maîtresse remarque que l’activité électorale commence à dégénérer et elle interdit toute remarque malveillante qui dépasserait le cadre de la campagne (allusion à la famille, au physique…). Rosemarie et Hubert commencent alors à remplacer les mots incriminés par des « bip ». Plus tard, dans le tableau « Tomber le masque », la langue s’est développée et devient une véritable langue inventée avec des substantifs et des verbes qu’ils appellent la « langue secrète » (p. 45) ou « Slang » (p. 43). Afin de communiquer sans craindre les oreilles indiscrètes, Rosemarie et Hubert affublent chaque élève, et même la maîtresse, d’un nom de code.
Plusieurs exercices sont alors possibles : travailler sur les surnoms d’une part et sur la langue secrète d’autre part. Il s’agira alors, avec les élèves :
- De relever tous les noms de code comme « Courte Patte » (p. 43) ou « Tunique rouge » (p. 44) et de leur chercher une explication possible : « Courte Patte » est un ou une élève de petite taille… puis de relever tous les prénoms des enfants de la classe (mentionnés mais non présents sur scène, entre autres dans le tableau « Matériel de campagne », p. 26) et tenter de comprendre à qui correspond quel surnom. Nous savons déjà que Moly est « Envers du Bureau » et que sa meilleure amie est « Mains Collées » (p. 45). À travers cette petite enquête il est ainsi possible de « reconstituer » la liste des élèves ;
- De créer un lexique « Slang/français ». Pour cela, relever tous les mots de cette Slang et tenter d’en déduire le sens d’après le contexte. D’après le dialogue de « Tomber le masque », on peut en déduire que « Bling » désigne la fausse lettre d’amour, un « Slurp » un piège, « Slamp » le verbe coder… Le tableau « Faux semblant » est plus complexe car il n’est pas impossible que l’auteur ait cherché à brouiller les pistes avec une langue indéchiffrable et difficile à retenir comme le montre le moment de rébellion et de découragement d’Hubert (p. 51-52). À ce moment, les quelques déductions que le lecteur/spectateur a pu faire sont remises en cause et « Bling » ne concerne plus la preuve fabriquée par Rosemarie et Hubert. L’analyse de ce passage sera donc réservée au lycée.
Par la suite, il est envisageable de leur demander de créer leur propre petit lexique et/ou d’inventer des surnoms pour les autres élèves de la classe en fonction du niveau. Il faudra veiller à ce qu’ils soient loufoques ou amusants mais toujours bienveillants. Une fois ce mini-dictionnaire bilingue établi, les élèves auront à rédiger un petit texte utilisant la nouvelle langue. Ils pourront aussi travailler en binôme à l’élaboration d’un dialogue entre leurs deux alter ego.