Les Discours de Rosemarie est une pièce composée d’une succession de tableaux. Les scènes, en fonction du nombre de personnages, sont soit des dialogues (Rosemarie et Hubert) soit des monologues. Pourquoi cette alternance ? Ces deux formes de discours ont deux fonctions bien différentes :
- Les dialogues, dans une pièce dite « jeune public », ont tendance à la brièveté pour donner un rythme rapide, ce qui permet d’éviter l’ennui chez un public qui se lasse rapidement. Ils représentent des échanges et font avancer le récit. Par exemple, dans le tableau « Animal politique » (p. 33), la maîtresse interdit les coups bas qui envahissent la campagne et les personnages commencent à s’autocensurer avec l’utilisation de « bip » pour remplacer les mots tendancieux. Plus tard, dans « Tomber le masque » (p. 43), Rosemarie et Hubert inventent une langue codée pour contourner les interdictions de la maîtresse. C’est aussi l’occasion d’une réflexion sur le langage de la part des personnages : Hubert estime que le mot « triste » devrait être interdit (p. 53).
- Les monologues sont au contraire une pause dans le récit puisqu’ils sont l’occasion d’entendre les qualités d’oratrice de Rosemarie, l’enfant qui ne parlait pas, dans ses discours. Toutefois, tous les monologues de la pièce ne sont pas des discours : le « Prologue » est un monologue mais il se place avant le début à proprement parler de la campagne, il s’agit de la prise de décision de Rosemarie. Ce moment est adressé au public, il n’y a pas de destinataire clairement identifié dans la fiction. Le personnage principal se parle à elle-même et on peut imaginer que le personnage d’Hubert n’est pas encore présent sur scène, qu’il s’agit d’une scène qui a lieu chez Rosemarie et qu’elle s’adresse peut-être à son reflet dans un miroir.
Ce tableau récapitulatif permet de mettre en avant la répartition des monologues/ dialogues ainsi que les différentes illustrations (affiches politiques, manuscrits, caricatures d’autres camarades…) ou les pastiches de tableaux célèbres mettant en scène Rosemarie :
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Séquences |
Type de discours |
Résumés des scènes |
« Prologue » + tableau |
Monologue |
Décision de s’engager dans la campagne. |
« Remords et ambition » + affiche de campagne |
Dialogue |
Rosemarie recrute Hubert au poste de directeur de campagne. |
« Stratégies » + affiche de campagne |
Dialogue |
Rosemarie et Hubert réfléchissent aux stratégies à mettre en place (slogan, affiche, équipe…). |
« Premier discours » + tableau |
Monologue |
Rosemarie annonce sa candidature. |
« Matériel de campagne » + caricature |
Dialogue |
Rosemarie et Hubert évaluent l’impact de l’affiche et suggèrent différents slogans. La spécialité de Jonathan est de dessiner des pieuvres avec la tête des gens. |
« Animal politique » + fausse lettre d’amour |
Dialogue |
La campagne dérape. Rosemarie et Hubert font courir des rumeurs et fabriquent de fausses preuves. |
« Deuxième discours » + tableau |
Monologue |
Rosemarie expose son idée d’une bonne déléguée de classe. |
« Tomber le masque » + affiche de campagne |
Dialogue |
Rosemarie et Hubert ont créé une langue codée pour communiquer malgré les interdictions. Affiche de campagne : « Tu ne sais pas qui tu es ? Avec Rosemarie devenez ce que vous êtes ! » |
« Faux-semblant » + manuscrit |
Dialogue |
Hubert commence à craquer sous la pression, Rosemarie prône la méchanceté. Elle écrit la profession de foi de « Rosemarie, la tranquille courageuse énergie qui compte toujours… » |
« Troisième discours » + tableau |
Monologue |
Il s’agit du dernier discours avant le vote. |
« Coup du sort » + collage |
Dialogue |
Un troisième candidat se présente au dernier moment. Rosemarie pense qu’il s’agit d’un espion de Géraldine. |
« Triomphe modeste » + schéma |
Dialogue |
D’après les derniers sondages, Rosemarie remporterait l’élection. |
« Quatrième discours » + tableau |
Monologue |
Rosemarie prépare son discours de victoire. |
« Épilogue » + tableau |
Dialogue |
Le candidat « surprise » a remporté l’élection, Rosemarie s’est réconciliée avec Géraldine. |
Le tableau permet d’établir certains faits :
- que Rosemarie est le seul personnage présent en permanence sur le plateau. Les scènes de monologues sont des moments où elle est seule à parler sur le plateau, il faut donc amener les élèves à déduire soit qu’Hubert est sorti de scène soit qu’il y est toujours présent mais dans un autre espace-temps que Rosemarie ;
- qu’il y a une alternance entre le texte (dialogue ou monologue) et les illustrations. Cela peut s’expliquer par le fait que certains thèmes sont abordés dans une scène monologuée ou dialoguée et qu’ils sont repris par la suite dans les illustrations : Le Cri d’Edvard Munch (p. 9) est la représentation stylisée d’une crise d’angoisse, sentiment anxiogène comme peut l’être pour Rosemarie, peu bavarde, la décision de se présenter à l’élection des délégués de classe et de prononcer des discours.
Cette alternance peut être le sujet d’un travail en classe : à partir d’une illustration de Vincent Debats, démontrer le lien avec la scène précédente comme fait ci-dessus.
En cycle 3, on pourra se concentrer sur les illustrations des pages 17, 22, 32, 39, 49, 56, 71 et 77. On pourra également effectuer un travail de comparaison entre le tableau original et l’illustration de la pièce pour les tableaux pastichés des pages 9, 25, 42, 65, 80, 88. Il s’agira pour les élèves de comprendre les choix de l’artiste. Un tel exercice peut devenir plus complexe au lycée avec des recherches à effectuer autour des peintures pastichées et de leur contexte artistique et politique.