Dans le cadre de la mise en voix complète de la pièce comme pour de simples extraits, on pourra travailler sur la différence supposée entre les fragments de journal, non dialogués et les autres fragments, dialogués.
Cela pourra se mener en appui sur un travail précis d’analyse de la langue, dans le cadre d’une réflexion sur les paroles rapportées.
Consignes données aux élèves : vous analyserez dans le premier fragment de Journal comment les paroles des personnages sont rapportées.
⇒ l’écriture du journal fonctionne avec du discours indirect : expliquer que…, subordination
⇒ MAIS aussi avec du discours direct :
Quand un adulte affirme : « Vous êtes des grands maintenant », ça signifie qu’on est petit. (p. 12)
Consignes données aux élèves :
La maîtresse aujourd’hui était très en colère. Elle a hurlé : si on l’embête, ça va chauffer du bois qu’elle se chauffe pour l’hiver.
Ou plus loin :
Elle a ajouté : si elle entendait une seule fois « Hou la fille » ou « Oh la grosse patate » ça pleuvrait des potirons. (p. 26)
Dans tous les cas, la mise en voix du discours rapporté de façon directe ou en SIL permettra des effets intéressants pour la répartition des voix à l’intérieur des groupes. Reprenons l’exemple cité plus haut. Les changements de voix proposés y sont marqués par une barre oblique :
La maîtresse aujourd’hui était très en colère. / Elle a hurlé / : si on l’embête, / ça va chauffer du bois qu’elle se chauffe pour l’hiver.
Ou plus loin :
Elle a ajouté / : si elle entendait une seule fois / « Hou la fille » / ou / « Oh la grosse patate » / ça pleuvrait des potirons. (p. 26)
Mais on peut faire la même chose avec le discours indirect, aidant au passage les plus jeunes enfants à percevoir la subordination en s’amusant à suspendre la voix et le débit à l’intersection entre principale et subordonnée, pour faire attendre cette dernière :
Elle nous a expliqué que / nous étions des grands maintenant et / qu’elle était sûre qu’on allait passer une bonne année ensemble. (p. 12)
Pour travailler sur le rythme et donc les possibilités de mise en voix à plusieurs, en petits groupes ou en classe entière, nous allons étudier ce que pourrait permettre le début de la pièce : c’est un cas intéressant puisque, constitué d’un monologue, ce texte va devenir matière à un partage de voix. Nous proposons ici une progression correspondant à un premier travail de ce genre, pour des élèves non expérimentés. L’enseignant aura pris soin de photocopier les deux premières pages du fragment 1. On peut aussi travailler sur une partie seulement de ce fragment, ou le répartir entre des sous-groupes.
C’est très embêtant d’aimer manger, parce que même en se cachant, ça finit toujours par se voir.
On pourrait aussi avoir, selon une ponctuation plus commune, grammaticalement :
C’est très embêtant d’aimer manger parce que, même en se cachant, ça finit toujours par se voir.
C’est très embêtant d’aimer manger, / parce que même en se cachant, / ça finit toujours par se voir.
C’est très embêtant d’aimer manger, parce que / même en se cachant, / ça finit toujours par se voir.
C’est / très embêtant / d’aimer manger, / parce que / même en se cachant, / ça finit toujours / par se voir.
C’est / très embêtant / d’aimer manger, parce que / même en se cachant, / ça finit toujours / par se voir.
On réessayera avec les élèves pour sentir sur ce que créent comme possibilités les troisième et quatrième découpages. Ils ouvrent en effet la voie à une forte théâtralisation : voix suspendue qui allonge le « C’est », chuchotée ou au contraire adressée de façon tonitruante, ou encore saccadée comme si c’était un robot… On cherchera avec eux les « comme si » que donne la mise en rythme : comme si c’était une petite souris, un gros ours, un aigle qui plane, etc… La piste animale est à privilégier avec les jeunes enfants, très sensibles à cet imaginaire que l’on peut aussi faire passer dans le corps, en travail de danse par exemple. On peut aussi se donner un « comme si » de matière : comme si c’était un chewing-gum, des spaghettis, une baguette ; un « comme si » élément : un nuage qui dérive, de l’eau qui goutte du robinet, de la glace, des flammes…
Si l’écriture de cette pièce est musicale, elle entretient aussi un fort rapport à l’image : on pourrait la mettre en équation ainsi : Musique//fragments + cinéma//séquences + peinture//tableaux. Le journal de Grosse Patate en effet pourrait facilement devenir un scénario de film ou encore se faire journal et peintures mêlées, journal et taches mêlées.
Consignes données aux élèves : retrouvez dans les images de spectacle vues auparavant quel passage de la pièce peut être mis en scène à ce moment-là.
⇒ On pourrait ainsi construire une sorte de jeu de reconstitution de la pièce en demandant aux élèves d’assembler une image scénique et un passage de la pièce, et de les mettre dans l’ordre de la pièce.
⇒ On pourrait aussi en théâtre-image faire construire par différents groupes d’enfants une image d’une scène et la donner à deviner aux autres, éventuellement en s’aidant des images scéniques pour les suivre ou au contraire s’en distinguer.
Cela peut s’accompagner d’un travail sur les tableaux de cette pièce, les scènes fortes en termes d’images fabriquées dans l’imagination de chacun et gardées en mémoire, que l’on peut collecter puis dessiner ou réaliser en collage, en papier mâché…
⇒ Cela pourrait déboucher sur une sorte d’album-théâtre constitué d’extraits de la pièce avec leurs images fortes.