éditions Théâtrales Jeunesse

Le Journal de Grosse Patate

de Dominique Richard

Carnet artistique et pédagogique

Carte d’identité

Certains jours, je me sens très vieux, lorsqu’il fait froid et sombre et qu’il faut sortir dehors. Mais au printemps, quand je me promène dans la ville, sous le soleil, j’ai l’impression d’être un jeune homme et d’avoir vingt ans. Des fois, quand j’interviens dans une école, et que je joue au foot pendant la récréation, alors j’ai dix ans (enfin, au début du match, parce que très vite je suis essoufflé et je n’arrive plus à respirer, - je fume - et là, je me dis que j’ai soixante dix ans). Mais le plus souvent, comme maintenant, je me sens avoir mon âge, quarante ans, le milieu de la vie, plein de mes souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeune homme et me sentant déjà vieillir un peu plus vite qu’avant.

Les sens les plus développés quand j’étais petit :

Maintenant :

Je suis plutôt :
Légumes
Salé
Été
Mer
Eau gazeuse (mais l’eau en général...)
Vin de Bordeaux (c’est mieux)

Latitude, longitude :

Ce qui m’empêche d’écrire tous les jours :

ou :

La flemme

Pas envie
Je suis en vacances
Les papiers administratifs
Les distractions que je m’accorde (Lire, regarder des films, essayer de programmer, d’apprendre l’esperanto -en vain- ...)
L’ordinateur (quatre jours pour mettre en réseau mon portable et mon fixe, une semaine pour comprendre pourquoi mon imprimante ne marchait pas...)

Mais surtout, mes autres passions :
Mon compagnon, mes amis, ma famille
Les interventions avec les enfants ou en maison d’arrêt
Le jeu (mon premier métier est comédien)
La lumière et le son (j’ai fait partie du collectif théâtral Exileros jusqu’en 2009 et j’ai découvert ces deux univers)
La video (projet d’adaptation d’un texte)
La musique (le violon)
Chippie (elle se couche sur mes cahiers et ne veut plus bouger) :

Objets fétiches :

Des cailloux (donnés par mon compagnon, l’un est en forme de coeur... Plusieurs
heures sur la plage pour le trouver)
L’original du crocodile contemplant une éclipse de soleil.
Des petits livres, offerts par des amis
un rocker, offert par mon frère (le manche de la guitare est cassé).
Un collier de coquillages, souvenir du Burkina Fasso

Un bout de maquette, souvenir du TNS et de notre rencontre avec mon compagnon il y a quatorze ans. (et des épingles à linge qui n’ont rien à faire là...)
Un dessin à deux : lui par moi, moi par lui (le sien est beaucoup plus ressemblant...)

Ce que je vois :

Carte de lecture

Je lis :

A voix haute
Sans voix
Avec les yeux
Des fois en diagonale

Debout (dans les librairies, les bibliothèques, le métro quand il n’y a pas de place)
Assis, avec les pieds n’importe où
Couché (le soir, avant de m’endormir)
A genoux (dans les librairies, quand je cherche un livre)
Accroupi (dans les librairies)
A quatre patte (sans doute dans les librairies)

En attendant
Aux toilettes
Au travail
En voyage
Dans les transports en commun
En marchant (le journal, si un article me passionne. Je déconseille, c’est un peu
dangereux)
En dormant (le livre me tombe sur la tête et me réveille)

Je lis le plus souvent seul.

Mais il m’arrive de vouloir lire ce que lit mon ami. J’essaie alors de voir par dessus son épaule mais il n’aime pas ça (lui le fait aussi et ça ne me gêne pas).

Carte d’écriture

Si j’étais un héros, j’aimerais pouvoir me transformer à volonté, et devenir quand je veux Fabrice del Dongo ou le comte Mosca quand ça m’arrange (La Chartreuse de Parme). Ou Ulysse, partant en voyage, sa rame sur le dos.
Mais je pense que c’est très fatigant d’être un héros. Pourquoi l’être soi-même tout le temps quand on peut le devenir un instant en lisant, en rêvant ?

Mon mot préféré : vie.

Tellement de mots détestables...

Personne ne m’a jamais empêché d’écrire, au contraire.

Je me souviens d’une maîtresse qui avait une boite à lettre ou on pouvait déposer ce qu’on voulait. J’ai écris plusieurs contes que la maîtresse a lu à la classe. Quand elle est partie (elle a été remplacée), elle a emporté toutes nos histoires.
Quand j’habitais Montreuil, j’aimais beaucoup écrire dans la cuisine, mes cahiers posés sur la toile cirée.
Aucune de mes deux grand-mères ne m’a acheté de petit carnet, mais ça ne m’a pas gêné : je n’écris que sur des cahiers de brouillon 96 pages grands carreaux de différentes couleurs (que j’achète moi-même ou que mon ami m’offre). Si je n’ai rien, un bout de papier, un billet de train, mon agenda, un RIB, ma main me suffisent (et je recopie dès que je peux sur mon cahier de brouillon 96 pages grands carreaux).

Mon endroit préféré pour écrire : je me rends compte que c’est partout sauf chez moi (mais il me faut mon portable). Quand je suis en déplacement, en province, en vacances, ou chez une amie qui nous prête son appartement à Paris, à l’hôtel... De fait, j’écris le plus souvent chez moi, mais j’aime bien être ailleurs (et ça m’empêche de vouloir démonter mon ordinateur, ou d’essayer à nouveau d’apprendre l’esperanto).

Petit texte contre la montre :

Ça m’a bien amusé d’essayer de répondre à votre questionnaire mais ce n’est pas si facile. J’ai laissé des blancs sur certaines questions, rien à dire, comprend pas, enfin pas d’idée, remplir les phrases de mots à toute vitesse sans trop réfléchir, à quoi bon ? Peut-être laisser échapper un fragment de sens, un mot, ce pourrait être un petit animal, on le laisse se perdre et aller à la rencontre des autres, et des phrases naissent toute seules, comme un jeu, un semblant d’interrogation, une question qu’on pressent au loin, rien de sérieux, seulement un doute qui emporte tous les mots, ceux qui viennent et ceux qu’on a déjà posé, hier, il y a un mois, un an, ceux qu’on chasse à mesure qu’ils se présentent, un doute qui s’impose chaque fois qu’on se pose devant son cahier ou son ordinateur : pourquoi on écrit ? Pour qui on écrit ? Et c’est qui, celui qui écrit malgré moi, à coté de moi, sans moi, certains jours ? (cinquante quatre secondes sans la correction des fautes de frappe et d’orthographe).

Mon prochain texte sera publié à la rentrée et s’intitulera Les Ombres de Rémi. Il est déjà écrit, derrière moi. C’est un texte court qui fera partie d’un recueil aux éditions Théâtrales.
Et celui sur lequel je travaille en ce moment s’appellera Hubert au miroir.

Des dessins, quand je prenais le temps de dessiner avec mon ami :

ou un montage photo :

Un brouillon : le plan provisoire de la première partie des Saisons de Rosemarie sur un cahier 96 pages jaune grands carreaux :

Et là, le premier brouillon du monologue de l’amie dans Mille femmes, mille chemins :

Difficile de choisir les livres, musiques, films qui m’auraient le plus influencé. Il risque d’y avoir beaucoup de monde, et cela va ressembler à un catalogue à la Prévert. Quand même, ceux auxquels je reviens toujours, depuis mon adolescence, quand je les ai lus, entendus ou vus pour la première fois (Et ce n’est pas très original...) et quelques autres, récemment découverts.

Mes livres fétiches :

  • L’Odyssée
  • Sylvie, les chimères de Nerval (une adaptation : Cabaret chimérique, d’après l’œuvre de Nerval. Peut-être l’auteur classique qui m’a le plus marqué, celui qui me touche le plus)
  • Lointain Intérieur de Michaux (beaucoup de poètes, quelques dramaturges, peu de romanciers, je ne suis pas un grand liseur de roman)
  • Quelques poètes récemment découverts : Laâbi, Biga
  • Les auteurs de théâtre contemporain : Lagarce, Bernhard
  • Mes auteurs jeune public préférés (je n’en connais pas beaucoup) : Suzanne Lebeau (tout), Bouchard (Histoire de l’oie), Dorin (Dans ma maison de papier...)

Mes films fétiches :

  • La règle du jeu de Renoir
  • Amarcord de Fellini
  • Mon oncle d’Amérique de Resnais
  • Mais aussi tellement d’autres, Ozu (Gosses de Tokyo), Pasolini (Mama Roma), Tati (Mon oncle), Keaton, Cassavetes... et quelques vivants... : Woody Allen, les frères Cohen, Ken Loach...

Mes musiques fétiches :

  • Rameau (une petite phrase de Rameau qui me poursuit : « Cacher l’art par l’art »...)
  • Bach (En général, je m’en rends compte, la musique baroque, et sur la forme, les pièces pour instrument seul (clavecin, violon, piano... ) ou petite formation. Je suis moins sensible à la musique symphonique. Pourquoi ? Peut-être plus touché par la composition, l’organisation -la fugue, les variations- que par le mélange des sensations).

Les philosophes que je relis souvent, de plus en plus souvent :

  • Deleuze
  • Spinoza

Et les chanteurs (je les écoute beaucoup, par période) :

Trenet, Brassens, Boby Lapointe (impossible de déprimer avec ces trois là) et aussi Ferré, Brel, Barbara, Adamo...
Arno, Renaud, Higelin, Bashung, Lavilliers, Noir désir...

Il y a peu, j’ai découvert Juliette, Sanseverino, Minvielle, Benabar... (que de monde... impossible de faire le partage. Mais c’est vrai, il m’arrive de les écouter en boucle)