Carnet mis à jour en 2017.
Texte sélectionné en 2004, 2007 et 2013 par l’Éducation nationale pour le cycle 3 du primaire
[(Carnet pédagogique rédigé par Marie Bernanoce, maître de conférences en études théâtrales, professeur agrégée de lettres.
Recherches documentaires : Audrey Liébot)]
« Mais pourquoi diable ai-je été puni ? »
(Dominique Richard, Le Journal de Grosse Patate)
Entrecoupé de « rêves », de « discours à la lune », Le Journal de Grosse Patate de Dominique Richard avance par fragments, scènes de vie (de classe, de jeu, de groupe) où prennent place les premières amitiés, les premières amours, les rejets et trahisons qui les accompagnent. Les blancs qui agissent dans l’écriture reflètent la subjectivité de l’adolescente aux prises avec son image. Son journal intime accueille volontiers ces manques, projetés dans les encres de bas de pages qui donnent à voir comme en ombre, un hors-texte qui nous livre peut-être un peu plus du personnage que ce qui est écrit. Les « taches de Grosse Patate » sont une entrée dans la matière de l’écriture (la page du journal, la goutte d’encre qui échappe) et dans la réalité de la jeune fille, en ouvrant directement sur ce qu’elle voit. Les encres de Vincent Debats sont autant que le texte, destinées à être l’objet d’une lecture, et accompagnent la question centrale de la pièce du regard porté sur soi et sur l’autre, chargé d’incertitudes.
Dans l’incapacité de se faire une idée précise d’elle-même, il reste à Grosse Patate toute une vague d’émotions, l’appréhension du passage du temps qui la submerge, qu’elle livre dans des tirades parfois pleines d’humour, et d’une acuité qui lui fait peu à peu entrevoir les fils de son désir.
Né en 1965, Dominique Richard est à la fois comédien, metteur en scène et auteur. Il a été formé au Théâtre National de Strasbourg dans la section acteur. Il a ainsi joué sous la direction de Joël Jouanneau, Bernard Sobel, Pierre Vincent ou Madeleine Gaudiche, et au cinéma sous la direction d’Isabelle Marina ou Roger Coggio. Il anime de nombreux ateliers d’écriture auprès des enfants en milieu scolaire ainsi qu’auprès des détenus de la maison d’Arrêt de Villepinte. Il est membre du collectif Exileros qui réalise des spectacles musicaux dans les cafés, foyers et centres sociaux. Il enseigne l’art dramatique au Conservatoire de Villepinte depuis 2007. Depuis 2010, il dirige, avec Vincent Debats et Madeleine Gaudiche, le Collectif Râ théâtre en chemin.
Auteur formé à la philosophie à l’instar de Denis Guénoun, Dominique Paquet ou Jean-Pierre Sarrazac, il a construit depuis quelques années une œuvre théâtrale jeunesse tout à fait originale, en appui sur des questions existentielles : le rapport au temps, aux autres, la construction de l’individu aux prémisses de l’adolescence. L’ensemble de son théâtre (six pièces publiées, toutes aux éditions Théâtrales) forme une sorte de saga théâtrale unique, mettant ses personnages en réseau en leur donnant ainsi un supplément d’existence.
Il a écrit et mis en scène Le Journal de Grosse Patate en 1998.
Pour d’autres précisions, on pourra se reporter au site d’ANETH, Aux Nouvelles Écritures Théâtrales, ainsi qu’à l’ouvrage de Marie Bernanoce, À la découverte de cent et une pièces, éditions Théâtrales / SCEREN-CRDP de Grenoble, 2006, p. 427 à 434.