Un travail de mise en jeu sur des fragments de ce texte pourrait tout d’abord questionner la représentation de la violence, de l’insoutenable.
Cela peut conduire à des réflexions sur l’usage du symbolique (le théâtre image aura été utile pour développer cette approche), sur les choix plastiques (objets, scénographie, postures), philosophiques…
Quels écarts dans les représentations visuelles de la violence, qu’elle soit réelle (journaux télévisés, vidéos postées sur youtube…) ou fictionnelle (télévision, cinéma, jeux vidéos…) ?
Comment donner à voir et à entendre le texte de Suzanne Lebeau ?
Le carnet artistique peut donner matière ici à de la lecture d’image. Les élèves ayant appris le texte (comme pour la mise en voix, se posent au préalable les questions de répartition, de choix de fragments puis les attentions techniques qui permettent d’être entendu en tant que joueur…)
Pour travailler sur la conception de la scénographie, la notion d’espace et de ce que l’on donne à voir, on peut donner à lire un extrait de la note de mise en scène de la Compagnie Tourneboulé et relier ces propos aux photos proposées dans le carnet artistique.
Théâtre d’objet. Exemple sur scène I. La fuite
Pour décaler symboliquement l’action, disposer des tables dans l’espace de jeu. 4 élèves à chaque table, 2 d’entre eux prennent en charge les paroles récits placés aux extrémités de la table, les 2 autres les paroles directes. Des objets (conçus au préalable, voir plus haut une proposition en Arts plastiques, ou objets de récupération) vont alors sur la table représenter et « jouer » les personnages. Les joueurs proférant la parole directe vont animer leurs objets et parler « à travers » l’objet. Il faudra veiller à regarder l’objet quand celui-ci « parle ».
Occupation chorale de l’espace. Exemple à partir de « Première comparution »
Pour explorer dans cette scène ce que contient la didascalie du début et s’il « n’est pas important de savoir où et pourquoi elle témoigne. Seul le témoignage importe. », on peut envisager de mettre à l’épreuve de la scène la multiplicité de la parole d’Angelina. Un groupe de joueurs (entre 6 et 8) peut se répartir le texte d’Angelina, puis trouver dans l’espace une place physique (veiller à ce que tous soient vus et répartis) en jouant avec les postures et les adresses. S’adresser à soi-même, accroupi en parlant vers le sol ; en parlant au cahier d’Elikia, au miroir, aux bottes… ; debout en tension, s’adresser au ciel ; s’adresser à quelqu’un proche de soi, éloigné, au public… etc.
Pour mettre en jeu tous les élèves on peut imaginer la même chose sur d’autres « comparutions » avec d’autres groupes.
Chœurs et Images. Exemple sur scène II. La rencontre
On peut mettre en œuvre ici la question de la représentation de la violence. Répartir en chœur les paroles récit d’Elikia et Joseph. Il peut y avoir deux chœurs pour chaque personnage. On peut jouer sur la posture physique de ces chœurs (un chœur Elikia debout et l’autre assis à ses pieds…) et sur la direction du regard et du visage suivant que l’on prenne la parole ou non. Pendant que ces paroles sont dites, travailler sur les ombres chinoises. Derrière un drap blanc tendu, un simple halogène peut permettre de projeter les ombres de deux corps interprétant ce que les personnages disent. Il se posera alors la question du choix de ce qui est montré et du degré de symbolisation des gestes. On peut essayer suivant le même principe de remplacer l’ombre chinoise par des tableaux, du théâtre image. On peut s’appuyer sur le tout début du teaser de la Compagnie Tourneboulé (lien dans le carnet artistique) pour mesurer et tester avec de simples lampes torches un effet de tension, « d’arrivée au camp la nuit », de clandestinité. Pour prolonger avec ces lampes on peut « mettre en lumière » un visage, une émotion…