Carnet artistique et pédagogique
Encore moins que dans la pièce précédente, Françoise du Chaxel ne nous donne des repères explicites de découpage de la pièce : pas de découpage en scènes, pas de titre, pas de démarrage de séquences en haut d’une nouvelle page, pas de référence à des personnages précis.
C’est en feuilletant la pièce, que l’on découvre les 4 reprises de la séquence où « les enfants » évoquent le temps passé.
Cette séquence d’ouverture revient chaque fois comme un leit-motiv et est le prélude à un geste rituel où un des enfants à chaque fois va chercher une pancarte qui renvoie à une année du passé. Ainsi sont évoquées successivement les années 1945,1965, 1989, 2009.
Chaque période est évoquée par une succession de mots-phrases ou de phrases très courtes qui sonnent comme des titres de journaux ou d’articles. C’est le procédé de l’inventaire, qui n’est pas sans rappeler le « Je me souviens » de George Pérec. Ce qui est paradoxal, c’est qu’à l’aide de notations très précises, mais aussi très partielles, on arrive à faire resurgir l’évocation de toute une année ou de toute une époque .
Les quatre époques peuvent être étudiées de façon chronologique ou comparatiste.
On pourra proposer aux élèves de classer les termes de l’inventaire par rubriques. J’en évoque ici quelques unes sans vouloir être exhaustive : informations concernant les guerres et plus précisément la situation de l’Algérie, le président de la république, les conquêtes sociales, technologiques, la culture, les objets usuels.
Il sera intéressant de se pencher sur la valeur de la négation « pas de ». En effet page 48, les premiers « pas de » évoquent les privations, qui sont les conséquences de la guerre. Ensuite « pas de » est synonyme de « pas encore de » et se réfère implicitement à un monde futur.
À ces inventaires qui brossent par petite touche les caractéristiques d’une période, succèdent de courtes scènes qui font intervenir des individus, qui peuvent être alternativement une fille, un garçon, deux filles, une fille et un garçon, une grand-mère et sa petite fille.
Dans ces courtes séquences alternent chaque fois monologues et dialogues.
Chaque personnage apporte une réflexion personnelle sur différents thèmes :
Comme dans la pièce précédente, l’écriture est composée de façon très musicale : quatre mouvements découpés chacun de façon ternaire en refrain, liste, et variations. Comme dans la pièce précédente aussi les chœurs alternent avec des monologues et des dialogues.
Par un travail d’oralisation, qui sera développé dans la seconde partie, on fera prendre conscience aux enfants des structures répétitives (« pas de » « toujours pas de », répétition du pronom « on », souvent condamné en expression écrite,) d’écriture de dialogues en parallèle (scène des deux filles p. 58) succession alternée de phrases affirmatives, interrogatives et négatives qui elles aussi créent un rythme.