Quels sont vos auteurs préférés ?
Je n’en ai pas. Je n’ai ni père ni modèle en écriture. Je reviens souvent à la poésie … J’aime les écritures resserrées et quand le style flamboie.
Vos héros / héroïnes de fiction ?
Non, je n’ai pas de héros. Je préfère les gens ordinaires.
Quelle musique écoutez-vous ?
J’aime percevoir, au loin, la rumeur du monde. C’est pour cette raison que j’écris, pour tenter de parvenir à davantage de lucidité, pour mieux sentir la vie.
Quelle musique écoutiez-vous au moment d’écrire le texte ? Ou bien travaillez-vous dans le silence ?
Du silence, rien que du silence pour ici et maintenant. C’est pourquoi je travaille près de Vézelay. En écrivant La Petite Danube, j’ai parfois cru entendre battre le cœur d’Anna.
Quels sont vos peintres, plasticiens/des œuvres plastiques, tableaux préférés ?
Otto Dix, Soutine, Egon Schiele et tant d’autres … Lorsque je vivais à Paris, j’étais parvenu à apprivoiser la vache lunaire de Miro, c’est une statue dans le square de la rue Blomet.
Vos films / cinéastes préférés ?
Je vais très peu au cinéma et je n’ai pas la télévision.
Vos acteurs / actrices préférés ?
Nous sommes tous des acteurs et Dieu se joue de nous.
Qu’aimez-vous voir sur scène ou au cinéma ?
J’aime sentir ce petit tremblement sur les avant-bras, signe d’émotion qui ne trahit pas.
Une œuvre qui vous aurait particulièrement marqué ?
L’après Auschwitz : les livres de Charlotte Delbo, d’Imre Kertesz (je viens de le découvrir), les peintures de Zoran Music …
Pourquoi ?
C’est un puits sans fond.
L’endroit où vous écrivez en général ?
Dans ma petite maison, à la campagne. Ma fille Manon dit que la maison n’est pas pauvre, ce qui me rassure.
L’endroit où vous avez écrit ce texte précis ?
J’ai écrit La Petite Danube ici, à ma table de travail, dans mon bureau.
Les objets qui vous entouraient alors ?
Beaucoup de brouillons, les bonshommes que je dessine maladroitement sur mon agenda, et puis des livres posés sur la table et des cailloux, bref : mon désordre habituel.
Sur quel support écrivez-vous ?
Sur mon ordinateur, j’imprime et j’annote beaucoup au stylo, je reprends sans cesse, je corrige.
Le moment de la journée où vous écrivez ?
Plutôt le soir et la nuit, oui, j’aime écrire quand tout dort autour de moi.
Des sons / odeurs / couleurs qui vous sont chers ?
J’aime rouler vers l’ouest, en direction de la mer (je suis né à Quimper, je ne l’oublie pas, pas tout à fait). La mouette est-elle une couleur ?
Votre occupation favorite ?
En dehors de l’écriture, j’aime marcher sur les chemins, j’aime aussi me perdre dans le dictionnaire qui offre tant de flâneries.
Quels sont les objets dont vous ne vous sépareriez pour rien au monde ?
Le caillou que j’ai au fond de la poche. Pourtant je l’ai jeté dans la mer, jeté dans le fleuve Saint-laurent, oublié en Pologne, à chaque fois il m’a retrouvé, il est revenu.
Votre idée du bonheur ?
Je crois qu’on décide d’être heureux, que c’est un parti pris.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Écrire avec facilité (je ne me reconnaîtrais plus), être éternel.
Ce que vous voudriez être ?
Je suis un brouillon d’homme, alors je voudrais être plus organisé, plus constant, moins rêveur. Albert Camus a écrit : « Ce qui m’intéresse c’est d’être un homme ». Voilà, c’est aussi simple, aussi difficile.
Le lieu où vous désireriez vivre ?
Sur la colline de Vézelay (j’y suis presque). J’aime aussi Paris en hiver et l’île de Sein par temps de tempête.
Les 10 mots qui vous accompagnent ?
Je crois dans le pouvoir de la fiction qui ne compte pas ses mots, ni dix ni cent, pourquoi contenir, enfermer ? Qu’importe le nombre de mots, de lignes, de pages. Mais pour m’efforcer de répondre à cette question, je dirais (en un peu plus de dix mots) que : L’autre c’est soi, au-delà de soi. La fiction éclaire l’indicible de soi.
Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?
Je me sens très engagé dans l’écriture. Je crois que j’ai encore beaucoup d’histoires à partager.