Ces exercices seront indispensables pour mettre à l’aise les élèves et enrichir le jeu : le résultat d’une simple direction de mise en scène, dans le cas particulier, ne saurait être satisfaisant. Ils porteront sur la marche, principale action de cette séquence, le chœur en mouvement, les sensations, le grossissement. Pour chaque thématique, on ne se limitera pas à ce qui sera utilisé dans la mise en jeu : on jouera sur les détours, les contraires et on cherchera à créer un climat de confiance. Pour cela, on commencera par des exercices collectifs sans regard de l’autre, puis collectifs avec une partie du groupe en regard pour n’arriver au travail individuel regardé qu’à la fin de la progression. On peut penser aussi la progression du plus loin des « nécessités » de La Petite Danube au plus près.
Les enseignants qui n’auraient aucune expérience de ce type de travail trouveront exercices, conseils et manières de s’y prendre dans 11 rendez-vous en compagnie de Robin Renucci coécrit avec Katell Tison-Deimat publié par Actes Sud – Papiers / ANRAT. Bien que destinés à des enfants de primaire, ils seront aisément repris ou adaptés.
On marche de manière à occuper tout l’espace, l’adulte guide le travail de l’intérieur du groupe, d’une voix qui accompagne plutôt qu’elle n’ordonne ; lui aussi marche et il enchaîne les consignes sans qu’il n’y ait d’arrêt.
Marche normale guidée dans le sens d’une tenue décontractée mais pas abandonnée.
Variations de rythme, de vitesse jusqu’à l’exagération, regroupement / dispersion par 2 (on se perd, on se retrouve au signal) puis à 5 jusqu’à tous ; arrêts/départs ; sur la pointe ou en traînant les pieds, à grands pas, à petits pas, en boitant…
Variations des surfaces (le plancher de la salle, du parquet, du sable, de la boue, les pieds dans l’eau, le corps dans l’eau, sur une surface gelée, contre le vent…) des espaces (rue, à l’intérieur, dans un paysage ouvert) des situations (en se promenant, en manifestant…).
Variations sur les états, les sentiments, les sensations : bonheur, fatigue, fierté, peur, froid…
Détour par les animaux, qui pourrait aider au jeu expressionniste (jeu des Si c’était pour Le Père, La Mère).
Travail de synthèse individuel en fin de séance de travail corporel : chacun se choisit une démarche (un rythme etc.), la tient pendant un certain temps puis pour la rendre expressionniste, la grossit énormément, beaucoup, seulement un peu. Enfin on distribue à chacun, une phrase du Père ou de la Mère, tirée de l’ensemble du texte et qui se prêterait à un accent ou une diction particulière. On reprend la démarche choisie et à la main du professeur posée sur l’épaule, tour à tour, en continuant à marcher, on dit la phrase pour qu’elle « s’accorde » à la silhouette qu’on s’est choisie.
Marche neutre, un s’arrête, tout le groupe va se placer derrière le coryphée ; quand tout le groupe est arrêté on repart et c’est le tour d’un autre,même chose, mais cette fois quand le coryphée sent le chœur formé, arrêté, il repart en proposant un rythme de marche. Puis, après 3 ou 4 changements de coryphée, on ajoute au rythme un état, un espace etc.
Dans un deuxième temps mais enchaîné sans rupture, on demandera à la moitié de la classe de quitter l’espace de travail pour aller se positionner en spectateurs, afin de mesurer l’effet produit, les réussites, les améliorations…
Sur la même base on demande cette fois au coryphée de reprendre la démarche qu’il s’est choisie et que le chœur suit ; puis et enfin, on demande ce même groupement choral mais cette fois, chacun reprend la démarche qu’il s’est choisie. On pourrait à ce moment-là introduire une musique répétitive contemporaine, classique ou du monde (il existe également des musiques destinées à ce type de travail corporel) pour que ce chœur d’individualités s’inscrive dans un rythme commun non réaliste. On se serait alors approché insensiblement de la procession de ceux « qui allaient comme des gens, quand les gens vont obstinément ».