Voir dans Du texte à la représentation – la question posée au jeu les conclusions de la réflexion sur le personnage d’Anna à jouer ou non par deux comédiennes
Si l’on choisit une comédienne qui « se dédouble », on cherchera comment donner à imaginer, non à jouer, l’enfant à travers la narratrice adulte (voix, geste ou attitude signe). On se posera la question de la place d’Anna par rapport aux parents. Nouvelle occasion de montrer aux élèves, que ce n’est pas le réalisme qui compte, que la mise en scène vise une transposition signifiante.
Si l’on choisit d’ajouter une Anna enfant, on cherchera comment établir la « complicité » entre les deux sur la dernière page. À ce propos, on se posera la question du « sous – texte », pensées et sentiments d’Anna devant l’engloutissement de ses parents, ce qui sera déterminant pour interpréter « On a beau chercher… alors que c’est trop tard ».
Dans les deux cas, on s’interrogera sur l’étreinte évoquée p. 47, jouée par une comédienne du même âge que celle de La Mère. Là encore le réalisme ne fonctionne pas.
Dans tous les cas, on interprétera le récit d’Anna sous la forme d’un chœur de 3 comédiennes, 5 au maximum si le groupe est important, pour éviter de casser la force du chœur des morts (voir rapprochement avec le théâtre antique pour la justification théâtrale). Sur le plan pédagogique, ce travail de répartition et d’interprétation du texte sera très intéressant.
Une recherche sur le costume d’Anna serait aussi une manière de réfléchir au sens de cet acte du groupe classe : « monter sur un plateau » pour porter à d’autres ce texte-là et plus particulièrement cette séquence. Anna porterait-elle une robe des années 50 ? Une robe neutre intemporelle ? Une tenue d’adolescente d’aujourd’hui revisitée pour le théâtre ?
Pour l’interprétation du père et de la mère on cherchera l’expressionnisme, un jeu vrai mais un ton au-dessus. La découverte de la peinture expressionniste allemande de l’entre-deux-guerres, Otto Dix notamment, dont quelques exemples figurent dans beaucoup de manuels d’histoire aidera, ainsi que certains tableaux de Bruegel (bien que d’une autre époque, un autre courant artistique, ils feront saisir le grossissement).
On amènera les comédiens à sentir le rythme créé par la mécanique du dialogue p. 48-49 : brièveté des répliques, reprise de mots de l’une à l’autre, allitérations en « p. » (la traduction des 5 répliques p. 48 en dialogue quotidien, ferait mesurer que le dialogue théâtral est une réécriture).