éditions Théâtrales Jeunesse

L’Entonnoir

de Jean Cagnard

Carnet artistique et pédagogique

Il s’agira de mettre en application ce qui vient d’être mis en évidence sur les didascalies.

  • On procédera à une 1ère lecture collective « préparatoire » en cercle, en changeant de lecteur après chaque vrai point. Avec la consigne suivante : lire le plus simplement possible (sans chercher l’expressivité, ceci viendra plus tard), assez lentement, en articulant très bien et d’une voix soutenue ; proférer le texte, comme le pousser devant soi. (l’adulte lira « deuxième partie » « six », un 1er élève « rue du boulot bout du rouleau »)

    Après avoir éclairé la situation (un combat entre l’échoppe du travail, la rue, et Précair) sa symbolique (le rejet du chômeur du monde du travail malgré tous les efforts pour en trouver) la contrepèterie du titre ; après avoir fait l’inventaire des « fameuses » adresses dénonciatrices de l’auteur (certaines évidentes d’autres moins) on partagera la classe en deux groupes, lecteurs / auditeurs, que l’on inversera

  • On procédera à une 2ème lecture selon la même méthode mais en désignant un élève chargé des adresses de l’auteur (phrases ou parties de phrases). Celui-ci pourrait marquer les interventions humoristiques ou ironiques de l’auteur, comme un pantin sort de sa boîte, par un détachement furtif du cercle, répété à chaque intervention. Consigne sur l’ensemble : varier le rythme dans le sens
    accélération / ralentissement et crescendo / decrescendo. On pourra suggérer de penser au commentaire d’un match de boxe ou d’une phase palpitante d’un match de football.

Discussion et amélioration par l’autre groupe

En vue d’une lecture mise en espace pour un public, on formera ensuite des groupes de 8 / 10 avec des consignes communes : poursuivre cette recherche d’expressivité de la lutte à mort de Précair pour trouver du boulot ; ne plus s’en tenir à une phrase / un lecteur, chercher comment se répartir le texte en fonction du sens et du rythme à donner (on pourra même changer à l’intérieur d’une phrase) ; répéter certains mots, si on le veut ; désigner un élève qui, au milieu du groupe, sera la voix de l’auteur (en effet cette voix intervient au cœur du texte, au milieu de la phrase, on ne peut donc pas la détacher du groupe) ; placer Précair dans l’espace (représenté par un tissu, une chaise renversée, un vêtement) ; pour le moment, laisser absent l’homme qui regarde. Enfin, comme il s’agit d’une lecture mise en espace et non en jeu, ne pas se déplacer.

  • groupe 1 : placement en deux lignes face à face perpendiculaires au bord de l’espace scénique et occupant toute la profondeur
  • groupe 2 : placement en demi-cercle serré
  • groupe 3 : en une seule ligne parallèle au bord de l’espace scénique

Chaque groupe présente sa proposition devant les deux autres. Discussion argumentée après chaque proposition
À la fin, on s’interroge sur le placement le plus efficace pour que l’auditoire ressente le drame de Précair. Si l’on a décidé d’une présentation publique du travail, on reprend le placement choisi en deux groupes successifs. Et, si cela n’a pas déjà été fait, on joue non seulement sur le découpage du texte, son rythme mais aussi sur la circulation des voix dans l’espace (contrairement à la lecture découverte en cercle où le relais se fait de proche en proche, la parole peut se déplacer en tous sens, pour accentuer le dynamisme de la scène).

Dans toute cette recherche formelle, on ne perdra pas de vue deux questions essentielles : la lecture exprime-t-elle la critique sociale qui passe par la compassion du spectateur pour le faible aux prises avec les forts, le laissant KO à terre ? la voix de l’auteur adressée aux spectateurs a–t-elle de la « présence » ?