Carnet mis à jour en 2017.
[(Carnet pédagogique rédigé par Stéphanie Cros, professeure de lettres, certifiée en FLE et en théâtre.)]
Tous les jours, Kesta (garçon ou fille) se cache dans un passage souterrain pour ne pas prendre la navette scolaire. Kesta ne veut pas qu’on le/la regarde, qu’on lui parle, car il/elle a honte, sans que l’on sache de quoi.
Kesta rencontre pourtant dans cette cachette l’Homme sans années. Tentatives d’échanges, provocations mutuelles : l’adulte et l’enfant apprennent à se connaître. Jusqu’à l’arrivée de celui/celle qui a raté la navette…
Manon Ona, pour son premier texte, écrit une fable humaniste sur la pauvreté et la différence vécues à l’école : un théâtre simple et touchant.
Née en 1984 à Lons-le-Saunier, Manon Ona a grandi dans le Sud-Ouest et suivi ses études à l’université Toulouse – Jean-Jaurès. Certifiée de lettres modernes, elle enseigne le français en collège et lycée depuis 2009. Également critique de spectacle vivant, elle dirige désormais la rédaction du site Le Clou dans la planche, implanté en Midi-Pyrénées depuis 2007. Kesta est son premier texte de théâtre publié dans la collection « Théâtrales Jeunesse ».
[/« J’ai le droit de parole et le droit de regard Nous sommes en progrès »
(Kesta, Manon Ona, p.22)/]
Kesta pourrait être un difficile et fragile parcours vers la rencontre et l’échange. Rencontre générationnelle entre l’adolescence et l’âge adulte, rencontre sociale entre deux adolescents de milieux différents. Chaque personnage se construit par le regard et les mots qu’il adresse aux autres mais aussi par la place qu’il trouve dans le regard et le discours de l’autre.
C’est aussi une pièce qui interroge ainsi les fondements du théâtre, étymologiquement le lieu où l’on regarde : quelle place pour le spectateur désormais face à ce qu’il ne voit pas vraiment, n’observe pas dans sa réalité de citoyen : la marge, l’exclusion ? Quelle parole peut émerger de « Kesta », cette interjection emblématique d’une adolescence conflictuelle si on lui laisse un espace ?
Kesta est une patiente série de dialogues, la mécanique délicate qui tisse le lien entre les personnages et avec le public, une expérience politique qui place sur le devant de la scène ceux qui sont habituellement mis à l’écart de la société.