L’étude de la scène d’exposition peut débuter par la lecture orale de la didascalie puis nous procéderons par un questionnement dont les réponses permettront de dégager des critères d’analyse pour tout début de texte de théâtre.
L’étude de la scène de dénouement peut s’effectuer de manière identique. On pourra en conclusion avec les élèves faire apparaître les ressemblances et les différences entre ces deux types d’écriture et établir l’intérêt respectif de chaque type de scène.
Questionnement : quelles sont les informations fournies ? Quels sont les éléments positifs, négatifs ? Quel(s) champ(s) lexical/aux se dégage(nt) ? Quels enjeux ou thématiques se dessinent ?
La scène 1 débute par une didascalie : « Une rue déserte, inondée de soleil. Jojo est là, seul, assis sur un ballon dégonflé. Brille son blouson rouge. Apparaît Anita. Dans un fauteuil roulant suit Jilette. »
Quand tout commence par le silence :
Bilan
Cette première didascalie nous indique clairement que Jojo est silencieux, perdu dans ses pensées, solitaire avec pour seul compagnon, son ballon dégonflé. Il est vêtu de son blouson rouge, seul éclat de vie, de couleur dans une vie qui apparaît morne, calme. Il est dérangé par deux personnes qui font irruption dans son univers. La scène est réaliste.
La scène 8 débute par une didascalie : « Dans la rue de Jojo, c’est la nuit. Anita attend. Il arrive. »
Quand tout s’achève :
Bilan
De la difficulté à dire, à parler : scènes 1 et 8
Après un temps de découverte individuelle de la scène, des élèves proposeront une lecture à voix haute de cet extrait. Une série de questions sera proposée après un échange collectif autour des impressions de lecture des élèves :
Qui parle en premier ? Quel est son but ?
Quel effet cette prise de parole provoque-t-elle chez l’interlocuteur ?
Comment se poursuit cet échange ?
Éléments de réponses :
C’est Anita qui prend la parole en premier, rompant le silence de cette scène : venue dont ne sait où, elle surgit et prononce une formule magique « abracadabri… » plaçant résolument la situation soit du côté de la moquerie, du jeu, de l’absurde, ou soit du côté merveilleux.
Sa formule se veut poétique : présence de rimes mais l’ensemble reste très maladroit, rimes pauvres, vocabulaire simple, banal, des mots élidés et le tout s’achève par la chute d’Anita qui prononce alors une interjection familière, une grossièreté qui détruit / ruine sa tentative poétique.
Jojo lui répond et Anita saisit cette opportunité pour enchaîner la conversation. Elle se présente et confirme son état de fée. « Anita la bonne fée. », condition héritée de sa mère.
On peut solliciter les élèves en leur demandant de rechercher toutes les preuves du merveilleux dans cet échange, toutes les preuves qui vont convaincre Jojo qu’il n’est victime ni d’un canular ni d’une hallucination. On peut aussi les faire réfléchir sur le rôle du merveilleux aujourd’hui, sur les motivations de S. Jaubertie dans l’emprunt de ces figures et de ce registre.
Autre travail à proposer : vérifier si d’autres scènes appartiennent soit au registre merveilleux soit au registre réaliste : les scènes dans le bar et à l’hôpital notamment avec la présence de ces personnages du conte et de la BD sont intéressantes. Est-ce que d’autres registres sont présents dans cette histoire ? On pense notamment les deux scènes dans le cœur de Jojo. Faire relever aux élèves les éléments spécifiques de chaque registre.
La réaction, la réponse de Jojo nous intéresse : jusqu’à présent silencieux, Jojo se sent obligé de rompre son silence et il prend la parole : est-ce la formule magique, premier miracle, qui le fait sortir de son mutisme ?
Certes, sa réponse n’est guère avenante « On se connaît ? », mais Jojo accède à la parole, formule ses premiers mots, premier pas encourageant. Il pose une première question et enchaîne avec une série d’interrogations : « Pour quoi me faire ? », « Et d’où ça sort ? » « Où donc ? »... Jojo est méfiant, incrédule face à cette fée qui vient de nulle part ; il n’apprécie guère cette intrusion qui perturbe sa vie, sa tranquillité, mais il accepte de discuter avec Anita, un échange s’installe entre eux deux et petit à petit, Jojo prend confiance en lui et fait confiance à cette fée, un premier lien se tisse.
On peut faire travailler les élèves sur la parole de Jojo et d’Anita, leur faire relever les écarts de langage, les marques de l’oralité. Elision, constructions erronées, langage familier, phrases tronquées, négations oubliées, l’utilisation des expressions détournées, les erreurs sur les sonorités et l’humour qui en découle …
Travail à proposer : d’autres personnages éprouvent des difficultés avec le langage ; on peut demander aux élèves de répertorier tous les problèmes de prises de parole qui jalonnent ce texte.
De l’incapacité à nommer clairement Jojo
Autre problème à faire remarquer aux élèves concernant la manière d’appeler, de désigner Jojo. Ce personnage n’est jamais appelé correctement par son surnom. Tous les personnages se trompent lorsqu’ils l’appellent, à l’exception de Jilette. Elle lui fait répéter plusieurs fois son identité, mais elle retiendra toujours son prénom sans jamais se tromper. Ce qui n’est pas le cas de tous les autres personnages. Tous s’obstinent à l’appeler autrement à commencer par Anita ; elle appelle Jojo correctement une seule fois quand elle lit la signature au bas du bon de livraison. Elle lit le prénom inscrit pensant à une erreur de la part du signataire. Une fois qu’elle a pris conscience de sa bévue, elle n’appellera plus jamais Jojo de la bonne manière. On pourrait demander aux élèves de relever toutes ces appellations différentes et d’analyser les raisons de ces erreurs et les effets produits.
De la difficulté à dire, à parler : que devient cette prise de parole dans la scène 8 ?
Éléments de réponses
Comment évolue cette parole ? Que se dit-il ? Quels sont les enjeux ?
Scène 1 : Au cours de la première scène, Jojo fait connaissance avec Anita : lorsqu’ils discutent, de nombreuses informations sont données au lecteur/spectateur. Pour établir le(s) enjeu(x) de la pièce et dresser une fiche sur le personnage principal, on peut proposer aux élèves de repérer précisément les informations données par les deux personnages
On peut partager la classe en 3 groupes : le premier recherche tous les renseignements concernant ce que l’on dit de Jojo. Un deuxième groupe prend en charge ce que Jojo dit de lui. Et le troisième groupe notera toutes les informations concernant l’action ou la parole action de Jojo et permettant de dessiner son caractère, de dessiner son personnage et d’esquisser la structure de la pièce.
Scène 8 : proposer aux élèves une lecture à voix haute de la totalité de la scène et leur demander de répondre individuellement aux questions : en quoi cette scène est-elle un dénouement ? Comment s’achève l’action ? Que devient le personnage principal ? Qu’apporte le dénouement à la structure de l’ensemble ?
Synthèse
Les élèves proposent une définition de la scène d’exposition et expliquent comment S. Jaubertie la conçoit dans cette œuvre : Qu’est-ce qu’une scène d’exposition ? Quel est son rôle ?
Ils peuvent élaborer une première conclusion sur la notion de personnage, sur sa construction : action, qualité et langage. Qu’est-ce qu’un personnage ? Quels sont les éléments qui le caractérisent ?
Enfin, les élèves établiront les enjeux de cette première rencontre.
Puis ils complèteront ces fiches sur le personnage en précisant sa quête, son évolution et son apprentissage au regard des travaux effectués sur la scène de dénouement. Le professeur définira alors la notion de dénouement et celle de parcours initiatique ; les élèves pourront se lancer dans la lecture de l’œuvre avec pour projet d’établir, de repérer tous les moments où Jojo apprend, progresse, grandit en réalisant, accomplissant une épreuve.