[/« C’était formidable, vraiment formidable ! » /]
Dans cette scène, l’entraîneur de football d’Hubert fait pour la première fois son apparition, l’occasion pour les jeunes élèves de découvrir son enthousiasme un poil démesuré. On peut mener l’analyse de cette scène en quatre temps :
– Comme pour l’ensemble des scènes de la pièce, celle-ci ne possède pas de didascalies. Pourtant, la gestuelle semble y avoir un rôle assez important. On peut donc demander aux élèves de combler ce manque en ajoutant eux-mêmes les didascalies de leur choix. Le but est de vérifier s’ils ont bien compris dans quel espace se passe la scène et s’ils comprennent le comportement des deux personnages.
– Dans un deuxième temps, on peut aborder des questions plus rythmiques en évoquant par exemple l’enchaînement des répliques au début (la stichomythie) qui accélère le tempo de la scène, comme pour mimer l’action des personnages, et la tirade de l’entraîneur qui, au contraire, en ralentit le rythme. Ces questions rythmiques peuvent être présentées sous forme de questions de compréhension sur le texte ou bien sous forme de lecture à voix haute pour qu’ils et elles fassent eux-mêmes cette expérience d’accélération et de décélération du rythme.
– Dans un troisième temps, on peut s’intéresser au personnage de l’entraîneur. On peut notamment leur demander de relever les indices qui permettent d’affirmer qu’il s’agit d’un personnage « enthousiaste » (terme à expliciter en mentionnant l’étymologie du mot). L’enjeu étant ici de favoriser le raisonnement et d’étoffer le vocabulaire.
– Dans le cadre de l’étude de la langue, cette scène est appropriée pour étudier la formation des temps simples et des temps composés et leurs accords. En effet, si le début de la pièce contient de nombreux temps simples (« on tire », « on tord », « je voudrais » etc.) la fin contient un peu plus de temps composés (« On a perdu », « Je n’ai pas fait », « Vous avez eu » etc.). On peut donc envisager de relever quelques occurrences de verbes et leur faire observer la manière dont ces verbes sont construits pour qu’ils apprennent à former ensuite dans leurs textes les temps simples et les temps composés.
[/« Ce n’est plus tout à fait moi, mais je me reconnais un peu. » /]
Cette scène peut être particulièrement intéressante à étudier avec des élèves du collège car elle aborde le thème de la puberté et du corps qui change. Hubert ne se reconnaît plus dans le miroir malgré ses tentatives pour se refaire une beauté. On peut mener l’analyse de cette scène en quatre temps :
– Pour s’assurer de la bonne compréhension du sens littéral du texte, on peut imaginer une activité dans laquelle les élèves doivent choisir – dans une liste de mots donnée ou en autonomie – deux ou trois émotions par personnages. Ils doivent ensuite justifier ce choix d’émotion à l’aide de procédés précis du texte.
– Ce premier travail de repérage peut conduire à une étude sur la ponctuation du texte comme vecteur d’émotion (les « ! » exprime la colère et le désarroi, les « … » les doutes et les inquiétudes, etc.)
– Ce travail de repérage peut aussi conduire les élèves à étudier certaines figures de style importantes comme l’énumération (« il va grossir, se gonfler, s’étaler ») qui met en avant la défiguration du visage d’Hubert et son inquiétude, ou bien le parallélisme (« plus je frotte, plus il devient rouge ») qui permet de mettre en avant le désarroi d’Hubert face à ce corps qui change et qu’il ne peut contrôler. Finalement, la répétition du pronom « Je » peut aussi être analysée avec les élèves pour parler du caractère égocentrique d’Hubert.
– Comme travail final, on peut proposer une tâche écrite aux élèves : à leur tour se mettre en scène devant un miroir ! Sous forme de monologue intérieur, ils doivent restituer les pensées d’un adolescent de leur âge – ou leurs propres pensées – en utilisant comme ressources la ponctuation et les figures de style étudiées. Cette dernière activité d’écriture peut faire également office de transition vers une étude plus accrue de la forme monologue.
[/« Les ratés, on dit toujours qu’ils sont “courageux”… » /]
Cette scène est un monologue d’Hubert au sujet de son père qui lui fait honte par sa condition d’immigré. Il peut donc être intéressant de l’étudier et de le comparer à d’autres monologues célèbres de la littérature française (Le Cid, Cyrano de Bergerac) pour leur faire saisir les différentes fonctions de ce dernier au théâtre (notamment la différence entre le monologue introspectif, où le personnage cherche à comprendre les raisons profondes de ses actions, et le monologue délibératif qui amène un personnage à peser le pour et le contre avant de prendre une décision).
Il est également possible de se servir de cette scène pour réviser quelques figures de style vues précédemment comme l’énumération (« [...] ils sont médecins, avocats, pompiers, architectes… » (p. 43) même si avec cet exemple-ci, on se rapproche également de l’accumulation). Il est possible aussi d’introduire la notion de comparaison avec la phrase « [...] il déambule dans les pièces tel un fantôme. » (p. 43).
Finalement, si l’on souhaite s’appuyer sur cette scène pour l’étude de la langue, elle peut être un bon support pour étudier les pronoms personnels et leur fonction. On peut notamment demander aux élèves de retrouver quels noms les différents pronoms personnels de ce monologue remplacent. Cet exercice devrait permettre de révéler un cas à part, celui du « il » impersonnel dans la phrase « À la maison, toutes les fins de mois, il faut se priver… » (p. 43). Cet exercice peut d’ailleurs permettre aux élèves les plus en difficulté de mieux comprendre le sens littéral de la scène. Si l’exercice est bien réussi par les élèves, on peut leur demander de formuler quelques interprétations quant à la prolifération du pronom personnel « il » dans cette scène.