Anne Courel, metteuse en scène de la compagnie Ariadne, a créé en mai 2016 à la Scène Nationale de Belfort (Le Granit) la version française d’Holloway Jones, traduite par Adélaïde Pralon.
Les acteurs ont eu une résidence au Lycée Aubry (Bourgoin Jallieu) pour tourner certaines scènes (du parloir, de l’entraînement BMX, etc.) afin de les rétroprojeter ensuite sur un écran en fond de scène. Il s’agissait de familiariser les acteurs à la pratique du BMX, et aux lieux évoqués dans la pièce, comme pour en garder une certaine mémoire.
Voici sa vision de la pièce :
« Holloway Jones est saisie en pleine vie, dans un monde tragique, violent et complexe. Son itinéraire se construit sans complaisance, facilité ou manichéisme. Ce n’est pas une banalité maintes fois ressassée sur l’adolescence et sa recherche d’identité, c’est une vision forte d’un monde dans lequel l’usage des probabilités et le déterminisme sociologique font peur.
La pièce permet de renouveler nos formes de pensées, d’écrire à plusieurs un théâtre intergénérationnel, pour tenter d’aller de l’avant et transformer nos douleurs personnelles en territoires sensibles, compréhensibles et partageables.
Notre société se rigidifie, s’étrécit. Face à cela, il nous faut trouver « la passe », celle qui nous donne les moyens de bouger, de changer, de lutter contre l’immobilisme généré par la peur.
Individuellement et collectivement, il nous faut trouver des pistes de mouvement. L’immersion au milieu des jeunes en fait partie. Par là nous chercherons à leur donner la parole et les laisserons infuser notre travail De fin 2015 à 2017, nous créons deux pièces d’Evan Placey : Holloway Jones puis Girls Like That. Dans la seconde, après un processus de rencontre au long cours, quelques-uns des jeunes rencontrés seront sur le plateau à nos côtés. » (note d’intention)
De la scénographie :
« … La scénographie sera pensée pour respecter les frontières du monde d’Holloway dont il ne lui est possible de s’évader que par la verticale.
Au propre comme au figuré, il s’agit de s’envoler, de trouver la manière dont la vision du monde et des autres s’en trouve déformée. Cela passe par une découverte des sensations « en selle », mais aussi d’une recherche sur les images en mouvement que cela génère.
Je ne suis pas sûre qu’il y aura un BMX sur scène, mais il est évidemment au centre.
Il est nécessaire que les interprètes suivent ce fil tendu tout au long de la pièce, celui du vélo d’Holloway, que nous travaillons très tôt sur le geste et les images.
Dans la première partie du travail de création, les comédiens, (mais aussi l’équipe des créateurs, metteuse en scène comprise), vont approcher la pratique du BMX avec les jeunes. Cette période doit permettre aux artistes de s’approprier les codes propres à cette pratique, de s’imprégner de sa temporalité, des peurs qu’il oblige à dépasser, du rapport au sol, au vent, aux autres. Par ailleurs, cela nous mettra dans un rapport d’égalité avec les jeunes, facilitant le dialogue et la rencontre… »
On peut voir ce travail préparatoire grâce à la vidéo que la compagnie a mise en ligne sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=29iS-6RwpOc