Vous trouverez ici des propositions d’ateliers d’écriture créative. Le principe en est simple. Le professeur émet une proposition d’écriture (vous en trouverez cinq ci-dessous), puis propose un temps d’écriture, en général assez court de dix à vingt minutes (les élèves de lycée peuvent, s’ils sont habitués à cet exercice, écrire plus longtemps). Puis vient le temps de la lecture du texte produit (l’idéal étant que tous les textes soient lus, mais en classe complète cela se révèle rapidement impossible). Les élèves peuvent ensuite émettre des critiques constructives sur les textes écrits par leurs camarades. Attention toutefois, aux avis lapidaires et autres ricanements, ils sont à proscrire avec fermeté car ils risqueraient d’inhiber toute la créativité du groupe et cela de manière définitive. Ce conseil est aussi valable pour les exercices de mise en jeu. L’intérêt des ateliers d’écriture est qu’ils permettent aux élèves d’envisager l’écriture sous un mode ludique et créatif.
La lettre
Choisir deux personnages, une situation et se lancer dans l’écriture d’une lettre.
Exemples :
Proposer aux élèves un incipit pour les aider à démarrer.
« J’ai quelque chose de très important à te (vous) dire… »
« Je devais absolument te (vous) dire quelque chose… »
Puis, lancer les élèves dans une écriture automatique de dix minutes. Ils ne doivent pas lever le nez. Dans un premier temps, peu importe l’orthographe ou le sens, la seule chose qui compte est qu’ils écrivent sans se juger, sans réfléchir, laissant les associations d’idées s’enchaîner.
Contrainte optionnelle (sachant qu’une contrainte peut parfois faciliter l’écriture) : l’animateur peut lancer un mot à la volée régulièrement (sans dépasser les 6 ou 7 mots sauf si l’on fait durer l’exercice plus longtemps). Les participants devront s’en emparer au plus vite pour l’insérer dans leur texte (choisir des mots adaptés qui aident au dynamisme du texte : des verbes d’action, qu’ils ont le droit de conjuguer ou des mots aux pouvoirs évocateurs forts : courage, mort, sauvage, fuir, disparaître, dévorer etc.).
Prendre le temps pour terminer la séance de lire les productions (tout du moins une partie) et d’en faire un retour succinct et bienveillant qui mette en lumière ce que l’on entend dans le texte produit par les participants.
Jeu d’écriture autour du dialogue à la manière d’un cadavre exquis
Les participants sont en cercle, chacun avec une feuille de papier.
Collectivement, ils choisissent deux protagonistes (Maman, Holloway, Coach, Avery etc.) ainsi qu’un lieu (le parloir de la prison, le stade, assis dans la rue, etc.).
Prendre deux phrases de dialogue mais qui n’induisent pas grand-chose, par exemple :
Coach.- Te revoilà.
Holloway.- Je suis jamais partie.
Chacun écrit individuellement sa troisième ligne de dialogue. Puis passe sa feuille à son voisin de droite qui écrira la phrase suivante. Il plie ensuite le papier de manière à ce que seule la dernière ligne apparaisse avant de passer la feuille à son voisin. Chacun prendra bien soin après avoir écrit sa phrase de dialogue de bien plier le texte précédent afin que seule la dernière ligne reste visible. Lorsque chacun sera retombé sur sa propre feuille de départ, déplier le tout et lire ce dialogue probablement absurde et loufoque.
L’écriture du chœur rimé
Dans la pièce, le chœur est représenté par différents groupes qu’Holloway côtoie (des pilotes de BMX concurrents, des gardiens de prison, des agents de sécurité, des policiers, des passagers d’un bus, des voisins, un professeur ou des commentateurs sportifs)
Le chœur remplit au moins une de ces deux fonctions :
Parler d’évènements que l’on n’a pas vus.
Donner son avis sur les évènements auxquels on assiste.
Et parfois cela peut-être une combinaison des deux.
Dans cet exercice, les participants vont écrire un chœur qui racontera l’histoire d’un des protagonistes.
Première partie : la liste
Lister tout ce que l’on sait sur le personnage.
Sa situation familiale, son caractère, sa vie professionnelle, tout ce que vous trouverez pour décrire le personnage est intéressant.
Exemple :
Holloway est très souvent seule et ne peut compter que sur elle-même.
Elle fait du vélo.
Elle est née à la prison d’Holloway.
Sa mère est en prison.
Sa mère est toxicomane.
Holloway porte le prénom de la prison où elle est née.
Elle a un fort tempérament.
Deuxième partie : Raconter l’histoire de la vie du personnage
Choisir un point de vue : les policiers ne parleront pas d’elle de la même manière que sa meilleure amie ou que son coach.
Ce point de vue représentera votre chœur.
Exemple :
Le chœur : des pilotes de BMX concurrents et jaloux.
Holloway est tellement solitaire, elle ne parle à personne. Et si elle est douée à vélo, elle ne l’est pas dans la vie. J’ai entendu dire qu’elle était née en prison. Sa mère est une criminelle. Elle a dû la mettre au monde en prison, c’est pour ça qu’Holloway débloque.
Elle n’a même pas un vrai nom. C’est pas dingue ? Et vous savez ce qu’on dit ? Les bébés nés en prison finissent toujours par retourner en prison. Pas étonnant qu’elle soit si en colère.
Troisième partie : chœur rimé
Maintenant, vous savez ce que vous voulez que votre chœur dise et comment il doit le dire.
Soulignez les mots les plus importants.
Faites-en une liste.
À côté de chaque mot, inscrivez tous ses synonymes.
Votre liste a donc augmenté.
Notez toutes les images auxquelles ces mots vous font penser.
Notez tous les mots pertinents qui riment avec l’un des mots de votre liste.
Maintenant, c’est la partie la plus complexe. Il s’agit de réécrire votre histoire (celle de la seconde partie) en incluant des images et/ou des rimes. Utilisez la liste de mots que vous venez de faire pour vous aider.
Exemple :
« On l’appelle la cavalière solitaire
Ombre en capuche découpée contre les cieux
Sérieux ?
Sans famille, sans copains, seule du début à la fin
La tarée veut jamais parler, file dans la ville, fronce les sourcils, pédale comme une tueuse, La Faucheuse, creuse les sillons de son passé, de son avenir profond profond.
On dit que son cœur est glacé
Comme le lit métallique où elle est née
Que dans ses veines coule un poison jaune
Voilà ce qu’on dit sur Holloway Jones.
On dit qu’elle est sortie avec le feu au corps
Dans ses yeux la rage faisait brûler deux tisons
On dit qu’elle est sortie en hurlant à la mort
Qu’attendiez-vous d’un nourrisson des prisons ?
Née d’une telle mère
Née dans les fers
N’importe qui peut lui prédire
Un funeste avenir.
Même l’infirmière l’a dit, l’a crié tout haut :
“Le bébé né dans la prison meurt dans la prison.
Il sort, mais revient bientôt derrière les barreaux.”
La prison d’Holloway vous crache dans le monde, mais quand sa faim se réveille, elle vous ravale en une seconde.
Rester à cent à l’heure
Sa mère, fiévreuse et brûlante, a serré l’enfant remuant tout près de son cœur
Mais trop shootée, trop défoncée pour choisir un nom
N’a émis qu’un ou deux sons :
Bébé des prisons. Bébé d’Holloway. Holloway Jones. »
Quatrième partie : mise en jeu
Mettre les participants en groupe et leur demander de travailler sur le poème d’un autre participant. Puis le groupe choisit la façon dont il se répartit le texte (il est aussi possible de le dire à l’unisson). Le groupe peut aussi ajouter des mouvements.
Et que se passe-t-il si le personnage dont ils parlent est également sur scène ?
Dans les films, il y a souvent des scènes coupées au montage.
Imaginez qu’il y ait eu une scène entre Holloway et Avery après qu’elle l’ait dénoncé.
Que s’est-il passé dans cette scène ?
Où cette scène s’est-elle déroulée ?
Quand ?
Comment la scène a-t-elle commencé ?
L’un des deux a apporté quelque chose. Lequel ? Et qu’a-t-il apporté ?
Avery a révélé quelque chose à Holloway qu’elle ne savait pas. Quoi ?
Comment a-t-elle réagi ?
Un autre personnage est-il entré en scène ? Qui ? Pourquoi est-il là ?
Comment la scène s’est-elle terminée ?
Maintenant, vous avez tous les éléments pour écrire cette scène supplémentaire.
Première partie : défrichage
Proposer une phrase simple et relativement neutre dans son style, par exemple : « Pourriez-vous me passer de l’eau s’il vous plaît, je commence à tousser un peu ? »
Vous pouvez alors vous inspirer de photos dans un magazine et demander aux participants de réécrire la phrase de dialogue comme si elle venait de ce personnage. Quels mots changeriez-vous ? Que supprimeriez-vous ? Qu’ajouteriez-vous ?
Pour chaque personnage que vous montrez au groupe, les élèves doivent réécrire la phrase de dialogue.
Par exemple :
Oh ! donne-moi d’l’eau ! on crève ici !
Pardonnez-moi, seriez-vous assez aimable pour me donner de l’eau. Ma gorge est un peu sèche.
Besoin. Eau. Maintenant.
J’ai besoin d’H2O, j’ai une vilaine toux.
Pouvez-vous me passer de l’eau, j’ai un chat dans la gorge.
Remontrer les photos au groupe et leur demander ce qu’ils en pensent.
Pourquoi ont-ils fait ces changements ?
Deuxième partie : Réécriture de Holloway Jones
Les participants travaillent par deux. Chacun reçoit une photo d’un personnage.
Il s’agit maintenant de réécrire une scène extraite d’Holloway Jones comme si c’était les personnages des photos qui dialoguaient. Le sens de la scène devra être le même, mais le choix des mots et le phrasé doit changer (il faudra changer les prénoms des personnages aussi bien sûr). Les participants peuvent ensuite partager leur nouvelle scène avec le reste du groupe. La scène que nous vous proposons de transposer concerne Holloway et Gemma. Elle débute p. 69 et s’achève à l’arrivée du policier, p. 71.