a) Les indications scéniques
Elles sont très présentes. L’auteur a, semble-t-il, une vision précise de la mise en scène qu’il souhaite porter au plateau. Il laisse davantage le champ libre pour le jeu des acteurs.
Ces indications apportent tellement d’éléments nouveaux qui ne figurent pas dans les parties dialoguées, qu’il serait intéressant d’ouvrir une réflexion en classe à leur propos.
À quoi servent-elles précisément dans ce texte ?
Dans quel style sont écrites les didascalies (discours, narration, semblables au texte dialogué) ?
Quels sont tous les types d’informations que ces indications fournissent ?
Il serait intéressant aussi de se pencher sur l’aspect cinématographique de ces didascalies. On pourrait pour cela relever les flash-back, travelling dans le futur/passé (p. 14) les différents termes employés (« fondu » p. 82), etc.
On peut proposer d’analyser un passage, par exemple pp. 82-83 :
On peut aussi souligner la place qui est donnée aux écrans (télévision, portable, caméra de surveillance…). Quel effet cela pourrait produire sur le spectateur (enfermement, effet de miroir…) ? Quel rôle ont-ils dans la pièce ? (Il s’agit ici de montrer que la technologie est investie d’un rôle non négligeable : l’écran devient un devin, un vecteur d’information, de sensation, etc.).
b) Le paratexte
Après la pièce, on trouve un texte écrit par Evan Placey, intitulé « De la prison à la piste des J.O. » (p. 101).
L’auteur y explique la genèse de son projet. Ce texte peut être sujet à débat et on peut le confronter à cet extrait de l’introduction à Girls Like That d’Evan Placey, publiée en Grande Bretagne chez Nick Hern Books et aux éditions Théâtrales sous le titre Ces filles-là (en septembre 2017).
« Les adultes, pour la plupart, se sont fait une opinion à propos du monde qui les entoure. Les jeunes sont encore en train de le questionner et de se faire leur propre opinion. Mais, et je dis cela alors que je suis moi-même parent, nous ne pouvons pas toujours faire confiance à nos parents pour nourrir ce questionnement, et nous encourager à regarder le monde d’une manière nouvelle. Nous avons besoin de pièces pour les jeunes afin de poser des questions que personne d’autre ne pose. Pour défier le monde tel que nous pensons qu’il est. Pour nous aider à comprendre ce moment où nous voyons deux mecs s’embrasser près du fleuve, et où notre mère pense qu’elle devrait mettre sa main devant nos yeux. Quand des gens disent “Écrivons sur ce que nous connaissons”, je suis complètement d’accord. Mais peut-être pas au sens le plus conventionnel. Pas au sens propre : « écrivons-à-propos-d’un-monde-ou-d’une-histoire-que-nous-connaissons littéralement ». Pour moi, cela touche à ce qu’on connaît en termes d’émotions, dans son cœur. Je sais ce que c’est de ne pas se sentir à sa place ; je sais ce que c’est qu’avoir le cœur brisé ; je sais ce que c’est que de ne pas vivre comme sa famille l’aurait voulu, ce que c’est que de perdre un ami, de ne pas pouvoir résister à la pression du groupe, ce qu’est le regret, et la perte, et le désir, et l’amour. Je sais ce que c’est de se sentir étranger.
Et j’ai aussi été adolescent. Le monde a changé, les vêtements, le langage, la technologie,
les codes sociaux, mais fondamentalement, être un adolescent, c’est la même chose depuis des dizaines d’années. Ce sont les détails qui font que chacune de nos expériences est unique pendant ces années formatrices, mais profondément, à la racine des choses, nous avons tous vécu la même expérience, celle que les ados continueront à vivre jusqu’à la fin des temps : une suite de moments et de choix à travers lesquels on commence à construire la personne que l’on souhaite être. Et, spoiler pour les jeunes lecteurs : c’est vraiment juste le début. On n’arrête jamais d’essayer de trouver qui on veut être. Je suis certainement encore en train de chercher. »
Evan Placey écrit : « Je ne voulais surtout pas écrire une pièce de "mise en garde" ».
Que sous-entend-il par là ?
Y est-il parvenu ?
Il serait intéressant de développer la notion de responsabilité qui est évoquée en filigrane dans les deux textes d’Evan Placey (recenser les différents niveaux de responsabilités : vis-à-vis des autres, des parents vis-à-vis de leurs enfants, de nous-même, etc.).