a) À l’origine du conte
Un conte original des frères Grimm (XVIIe siècle en Allemagne) qu’on lit aux élèves. Puis, on le leur fait lire à haute voix.
Gretel et Hansel est un conte folklorique du XIX réécrit par les frères Grimm en 1812 (pour mémoire, Charles Perrault a vécu de 1628 à 1703).
Il y a de nombreux rapports avec la mythologie : personnage du cyclope / mythe d’Ouranos / Atrée / les ogres.
Quelques pistes de réflexion :
Quels mots essentiels chacun retient de ce texte ?
Qui peut résumer le conte ? (On fait le résumé écrit par groupes de trois. On complète ensemble le résumé.)
Quels sont les personnages du conte ?
Quel moment du conte a le plus marqué chacun ? Pourquoi ? Argumenter. (Images et thèmes fondateurs : le masculin et le féminin / la sorcière / se perdre dans la forêt / les parents indignes / être mangé / la nourriture et la faim / la pauvreté.)
Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce conte ?
Concernant les rapports frère/sœur : qui peut en parler ? (Voir le texte final de l’auteur, « apprendre à devenir frère et sœur » (p.77) et le « devenir frères » de Pierre Péju (p.75). Que signifie la phrase « on ne naît pas frères, on le devient » ?)
Les mots « aîné », « cadet », « benjamin » et « fratrie » sont des mots de la même famille (à l’origine du mot « benjamin » : un empereur romain qui avait onze enfants dont le dernier se prénommait ainsi).
Les deux sœurs de la dédicace : Adèle et Eulalie.
Qui a des frères et sœurs ? Plus grands ? Plus petits ? Combien ? Un seul ? Plusieurs ? (Notion de « fratrie »). Qui est l’aîné ? En quoi son rôle est-il particulier ? En quoi cela est-il important ?
b) lecture analytique du conte
Sur les symboles (résumé du livre de Bettelheïm, Psychanalyse des contes de fées, voir la bibliographie en fin de carnet).
La maison : on identifie souvent le corps à la maison (taoïsme, bouddhisme). Elle est un symbole féminin, au sens de refuge, de protection, de sein maternel.
Selon Bachelard, la maison signifie l’être intérieur. Ses étages symbolisent divers états de l’âme. la cave correspond à l’inconscient, le grenier à l’élévation spirituelle. En ce sens, elle est liée à des phases du développement psychique.
La forêt : au Moyen-Âge, elle est assimilée au labyrinthe grec. Sorte de sanctuaire intérieur et caché, dans lequel siège le plus mystérieux de la personne. Par son obscurité et son enracinement, elle symbolise l’inconscient. Les terreurs de la forêt, comme les terreurs paniques, seraient inspirées, selon Jung, par la crainte des révélations de l’inconscient.
La sorcière : version femelle du bouc émissaire, elles représentent, selon Jung, les forces sombres de l’inconscient. Fruit des refoulements, elle incarne les désirs, les craintes et autres tendances de notre psyché qui sont incompatibles avec notre « moi », parce que trop infantiles.
Symbole des énergies créatrices instinctuelles qui vont à l’encontre des intérêts non disciplinés qui vont à l’encontre des intérêts du moi, de la famille, du clan.
On les désarme en plaçant ces mêmes forces sous l’empire de la conscience…
Le four : fonte, émaillage, poterie, grand œuvre alchimique, sont le mariage du Yin et du yang, de l’eau, du feu, de la terre, et du ciel. Ou bien du retour à la matrice, symbole d’une nouvelle naissance.
Si c’est à Madame D’Aulnoy que l’on doit l’expression « conte de fées », c’est Charles Perrault qui remporta à l’époque le plus grand succès avec ses Contes de ma mère l’Oye. D’ailleurs, même si la plupart des contes ont été écrits par des femmes, ce sont pourtant ceux de quatre hommes que l’on se raconte encore aujourd’hui : Charles Perrault, Jacob et Wilhelm Grimm, et Hans Christian Andersen.
Le conte de fées est adapté à la façon dont l’enfant conçoit et expérimente le monde, et c’est pour cette raison que le conte lui paraît si intéressant. Le pédagogue et psychologue Bruno Bettelheïm a mis en lumière la richesse et la profondeur du conte merveilleux, dans son ouvrage Psychanalyse des contes de fées : « Le conte de fées, tout en divertissant l’enfant, l’éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité. Il [...] contribue d’une façon importante et positive à la croissance intérieure de l’enfant » (Michel Le Bris et Claudine Glot Fées, elfes, dragons et autres créatures des royaumes de féerie, Paris, Hoëbeke, 2002).
On pourra lire utilement le chapitre sur « Jeannot et Margot » conte qui présente beaucoup de similitudes avec Hansel et Gretel.
Résumons le conte : les parents sont pauvres et se demandent comment nourrir leurs enfants. Ceux-ci sont abandonnés dans la forêt où ils trouvent une maison de pain d’épice pour se nourrir, qui appartient à une sorcière-ogre qu’ils jettent dans un four pour se libérer, et réussissent finalement à retrouver le chemin de la maison et à rentrer chez eux.
La trame du conte est la même.
Ce qu’en dit Bettelheïm : la maison de pain d’épice, c’est le corps de la mère. La bonne mère qui se donne en pâture. Mais la symbiose avec la mère interdit l’individuation et l’indépendance. Elle met la vie en danger, comme le montrent les tendances cannibales de la sorcière. Celle-ci représente les aspects destructifs de l’oralité. En cédant à leur voracité les enfants risquent d’être détruits. Il faut apprendre à se contrôler et à réprimer ses désirs instinctuels. Les mauvais desseins de la sorcière aident les enfants à prendre conscience des dangers de cette oralité incontrôlée. Cessant d’être les jouets de leur instinct, ils doivent agir avec intelligence.
La maison familiale près de la grande forêt et la maison fatidique au plus profond de la forêt, sont deux aspects de la maison parentale : celle qui comble et celle qui frustre.
La sœur (Margot/Gretel) montre que la femme peut être aussi bien secourable (mère) que destructrice (sorcière). Le passage en solitaire de la rivière est une image sur la nécessité de l’individuation (c’est une épreuve initiatique). Le retour à la maison signifie qu’il faut évoluer vers l’adolescence tout en continuant d’entretenir de bonnes relations avec ses parents.
Les deux enfants de la même mère ont réussi grâce à leurs efforts combinés : dépassement de la dépendance immature et stade supérieur de développement. L’enfant d’âge scolaire a besoin de savoir qu’un jour il pourra affronter les difficultés du monde, et en sortira enrichi (rôle symbolique des bijoux de la sorcière dont ils héritent).
Cette interprétation est destinée à éclairer l’enseignant ; elle n’a pas à être livrée telle quelle à l’enfant auprès de qui il ne convient pas de risquer un « dévoilement ».
c) le genre
Il s’agit d’une pièce de théâtre. Les différences avec le genre du conte sont notamment les dialogues, les didascalies, l’absence de narrateur/conteur, les personnages, les actions accomplies en scène et non racontées, etc. Le but est différent : la lecture seule / le spectacle.
d) La composition de la pièce
Le texte est découpé en dix scènes. Pourquoi ? À quoi sert une scène ? Chaque scène a un titre. Pourquoi ? Examinez la liste des titres. Quel est le titre que vous préférez ? Dites pourquoi.
La dernière scène s’intitule « épilogue ». Les élèves peuvent effectuer des recherches sur ce mot.