Lors de la lecture d’un texte théâtral, il est important que les élèves perçoivent la présence du texte didascalique et dialogué pour comprendre les différentes voix qui le constituent. Il faudra rappeler aux élèves la distinction entre didascalies et dialogues pour approfondir leur compréhension de ces voix particulières. Dans cette deuxième sous-partie, le but est d’analyser le rapport entre ces différents niveaux d’échange pour répondre aux questions suivantes : Quand le texte didascalique relève-t-il de la régie, de la fiction ? Qu’est-ce qu’une voix didascalique ouverte ? Comment le texte dialogué peut-il avoir une valeur didascalique ? (cf. Bernanoce, 2006, p.. 248-251, p. 510-511).
Analysons, par exemple, l’extrait suivant de Gaby et les garçons (p. 7-8) :
" Petit à petit, Gaby lit dans sa tête et se fait tout un film de cette histoire. Elle-même apparaîtra sous les traits d’Hermione ; ses amis Clovis et Cédric, respectivement sous les traits de Bruce et du Barman.
Séquence 1. Intérieur/bar – soirée
Hermione Granger se retrouve dans un tripot d’un quartier industriel de Londres. De la musique passe, quelque chose comme un rock un peu glam. Un homme, casquette vissée sur le crâne, voûté sur sa bière, observe Hermione du coin de l’œil. Le Barman, lui, fume une cigarette roulée en regardant la pluie tomber.
BRUCE. – Il va pas surgir du fond de ta chope.
HERMIONE. – Quoi ?
BRUCE. – Je dis, il va pas surgir du fond de ta chope."
Les trois dernières lignes relèvent certes du texte dialogué, puisqu’il s’agit d’un échange entre deux personnages dont les noms sont indiqués avant les répliques. Mais tout le reste est du texte didascalique. La grande distinction entre les deux est que les dialogues sont entendus du public, alors que les didascalies ne le sont normalement pas. En outre, les paroles dialoguées fournissent aussi des éléments didascaliques. Quand Bruce dit « il va pas surgir au fond de ta chope », on comprend que Hermione a devant elle un gobelet de bière et le regarde, alors que ceci n’avait pas été décrit auparavant.
Si les didascalies indiquent principalement la description des actions sur scène (étant, dans ce cas, plutôt liées à la régie), elles peuvent également avoir trait à la fiction – notamment dans l’écriture théâtrale contemporaine. C’est le cas dans la première phrase de l’extrait, car le « film » que fait Gaby dans sa tête, devient « réalité » dans la mise en scène de la séquence annoncée. D’ailleurs, l’intitulé « Séquence 1. Intérieur/bar – soirée » suit une structure caractéristique aux conventions des scénarios de cinéma, ce qui renforce la situation de lecture car il s’y ajoute une couche destinée à la personne qui lit le texte. Ce sont sans doute seulement quelques pistes de lecture d’un texte si riche en ressources métalinguistiques comme celui d’Adrien Cornaggia.